Cependant la vérité est ailleurs mais personne ne s’en doute
Voilà un être dont tout le monde se moque et profite, un écrasé de la vie qui, un matin, se révolte, s’exalte, s’enflamme au point d’étonner son entourage qui préfère le voir enfermé.Qu’a–t-il dit de si terrible?Il a répété toute la journée qu’il avait entendu le train siffler la nuit. «Le train a sifflé. Le train a sifflé.»On s’est étonné d’abord. On a ri sans rien comprendre. On s’est moqué de lui puis inquiété et on l’a enfermé.
Mais là encore la vérité est ailleurs et l’homme est tout à fait sain d’esprit.
Il faudrait juste comprendre sa vie en famille, bien plus sombre encore que sa vie au bureau.Le sifflement du train perçu en pleine nuit l’a réveillé, secoué, fait renaître à l’existence. Maintenant il exulte. Il est heureux!
Il se sent vivre enfin. Il a senti le frisson, la palpitation du temps!
«Maintenant le monde s’est réintroduit dans son esprit. Il peut se libérer de temps en temps de son tourment pour respirer, par l’imagination, une goulée d’air dans le monde.»J’aime beaucoup Pirandello que je me mets à relire après de longues années d’oubli.
Nouvelles pour une année de Luigi Pirandello, (Folio, Gallimard, 1990, 379p.). Titre original : Novelle per un anno, Traduction de l’italien par Georges Piroué.
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