«La terre ne ment pas» ! Christian Jacob a dû être ondoyé à l’eau de Vichy pieusement conservée dans une fiole mais sentant drôlement le croupi. Parole d’éleveur qui n’a toutefois pas dû travailler longtemps près de ses bêtes : pur apparatchik du syndicalisme agricole, grand vivier de ministres de l’agriculture nécessairement proches du RPR, question “d’assiette au beurre” et défense de l’agriculture productiviste sinon aujourd’hui carrément industrielle grâce à Nicolas Sarkozy qui s’y emploie tout en caressant les paysans bio dans le sens du poil. J’y reviendrais car le Salon de l’agriculture 2011 fut encore un grand cru.
Poisson pilote de Jean-François Copé - avec qui il est en symbiose totale – et qui lui a transmis le “perchoir” de l’Assemblée nationale après le remaniement de novembre 2010 et sa prise de fonction à la tête de l’UMP, Christian Jacob n’a depuis trois mois raté aucune occasion de s’illustrer dans la pire veine ultra-réac. Petit tour d’horizon :
Le 22 décembre 2010 - histoire sans doute de jouer papa Noël pour les parlementaires fraudeurs ! - il s’opposa, avec bien évidemment l’aval de Jean-François Copé dont Nicolas Cori dans Libération pouvait dire Patrimoine des députés : Copé mine la transparence) - à un amendement, pourtant adopté le 8 décembre 2010 en commission des Lois – donc grâce à un consensus entre les députés de l’UMP et de l’opposition – prévoyant que les élus qui auraient établi une déclaration de patrimoine ou de revenus mensongère seraient passibles d’une peine de deux ans de prison et de 30.000 euros d’amende. Il devait déclencher un tel tollé – COUAC ! COUAC ! scandales et polémiques sont le pain quotidien du sarkozysme ! sans même besoin d’une prière - qu’il dut faire marche arrière. L’amende fut rétablie mais non la prison. Vous ne pensez tout de même pas que les parlementaires devraient être soumis à la même loi (qu’ils votent) que les malfrats de banlieue.
Pour sa défense, dans une interview donnée au Parisien le 26 décembre 2010 Christian Jacob «mettait au défi quiconque de faire évaluer son appartement par trois agences immobilières et de ne pas avoir un écart de 25 à 30%. Cela justifie-t-il deux ans de prison ? Non ! Et ce qui sert de terreau aux idées du FN, c’est de considérer que les élus sont suspects par nature». Admettons. C’est vrai dans l’absolu mais c’est ensuite le marché de l’immobilier qui tranche. Quitte ensuite à baisser le prix. J’ai rarement vu au demeurant des agents immobiliers sous estimer volontairement un bien : ils sont rémunérés au pourcentage. Mais ici, il ne s’agit pas de faire évaluer un bien pour le vendre… Pour qu’il n’y ait pas de suspicion – les parlementaires sont des élus de terrain qui peuvent s’adresser de préférence à une agence “amie” qui sous-évaluera volontairement le bien – pourquoi ne pas précisément demander soit une expertise indépendante, soit trois estimations diffé-rentes ?
Les vacances de Noël – qu’à ma connaissance il ne passa ni en Tunisie comme Calamity MAM et POL-pote (des dictateurs arabes, non seulement Ben Ali mais aussi Kadhafi qui noie la révolte démocratique dans un véritable bain de sang… Patrick Ollier, même pas honte ?) ni en Egypte en compagnie de François-le-filou – et les résolutions prises au matin du premier jour de l’année durent booster sa pugnacité ultralibérale, à moins qu’il ne concourût avec Jean-François Copé pour la première place du podium des mesures antisociales ? Il n’y a en effet guère que Le Figaro pour croire, sous la plume de Judith Waintraub, que Copé et Jacob investissent le champ social à l’UMP (9 janv. 2011) si ce n’est précisément pour déblayer les dernières pierres du “chantier de la démolition sociale“…
Or donc, après que Jean-François Copé eut déclenché son offensive anti-35 heures (Le Figaro du 4 janv. 2011) avec hélas ! l’aval de Manuel Valls qui embarrasse le PS et réjouit l’UMP comme le soulignait Jim Jarrassé dans Le Figaro du 3 janvier 2011… Christian Jacob monta le 8 janvier à l’assaut du statut des fonctionnaires (Libération) affirmant notamment qu’«il ne faut pas s’interdire de réfléchir à la pertinence de l’embauche à vie des fonctionnaires»…
Perso, plutôt que tous les fonctionnaires de base qui sont utiles à la société – enseignants, soignants, flics et pompiers (sans oublier tous ceux qui font tourner la machine : personnel administratif, ouvriers et techni-ciens) dont la funeste RGPP ne cesse de supprimer chaque année le nombre de manière drastique – je préférerais que l’on limitât dans le temps les mandats électoraux et les fonctions ministérielles. Maire, parlementaire ou ministre quasi à vie, ça commence à bien faire ! Ils prendraient peut-être un peu plus conscience des réalités quotidiennes que subissent les Français qu’enfermés dans leur tour d’ivoire où tout leur tombe déjà rôti dans le bec. Y compris des avantages parfaitement indus ou usurpés.
A mon avis, en manière de sarkonneries cousues main, Christian Jacob est en passe de remplacer l’inénarrable Frédéric Lefebvre qui ne se répand plus dans les médias depuis qu’il a – enfin ! – été nommé ministre et non plus porte-parole de l’UMP (son aussi brillantissime alter ego Dominique Paillé a été débarqué par Copé). D’ailleurs, je lis sous la plume de François Wenz-Dumas Un campagnard en campagne Libération du 15 fév. 2011) que François Fillon aurait surnommé Christian Jacob «Rantanplan» (le chien des Dalton ce qui ne constitue sûrement pas un gage d’intelligence !) «après son offensive hasardeuse contre la loi sur la transparence financière, en décembre, et sa mise en cause de “l’embauche à vie” des fonctionnaires en janvier»…
Décidément, François Fillon adore les métaphores canines car j’ai souvenance qu’il traita l’an dernier Dominique de Villepin de setter fou – tous les setters irlandais le sont ! – et je n’aurais garde d’oublier qu’il fut lui-même comparé à Snoopy transformé en pit-bull quand il mena la bataille contre Jean-Louis Borloo, pressenti pour le remplacer à Matignon en novembre dernier. Non plus que Nicolas Sarkozy est protégé par une meute de chiens de garde particulièrement tonitruants qui donnent de la voix dès qu’ils en reçoivent l’ordre de l’Elysée : L’UMP rode ses éléments de langage contre DSK comme le souligne Samuel Laurent (Le Monde du 14 février 2011) fournis clef en main par la cellule (mal)”pensante” de l’Elysée – voilà à quoi l’on s’occupe au plus haut niveau de l’Etat ! la situation de la France et des Français ? pfft… c’est d’un vulgaire !
Dans le même article de Libé, je lis qu’il serait l’un des «quatre mousquetaires» - avec Jean-François Copé, Bruno Le Maire et François Baroin - qui se retrouvent régulièrement à déjeuner pour préparer la présidentielle de… 2017. S’ils ont le même avenir que naguère (1989, mais c’est déjà de la préhistoire pour les moins de 30 ans !) les «quadras «rénovateurs» (6 RPR et 6 UDF) certains d’entre eux peuvent se faire un sacré mouron ! A lire l’article déjà ancien d’Aude Ancelin Ils voulaient rénover la droite (L’Express, 1er juillet 1999) la plupart sont loin d’avoir incarné ce qu’ils présentaient comme l’œuvre de la «génération morale» !
Michel Noir (député-maire de Lyon) fut condamné à deux reprises à une peine de prison avec sursis pour avoir participé à des malversations (affaire Botton) et Alain Carignon (ancien maire de Grenoble) passa 29 mois en prison pour avoir confondu sa poche avec les finances de sa ville et du Conseil général de l’Isère. Philippe de Villiers vira vers l’extrême-droite, marchant sur les brisées du FN avec son «Mouvement pour la France», de même que Charles Million qui n’hésita pas à s’allier au FN en mars 1998 pour conserver son poste de président de la Région Rhône-Alpe !
Quand on sait que François Fillon en fut également (de même que Michel Barnier qui lui aussi avalera n’importe quelle couleuvre pour obtenir ou conserver un poste) il vaut mieux rigoler d’autant que François-le-Filou a exactement les mêmes réflexes corporatistes et idéologiques, le même mépris haineux pour le vulgum pecus ou ses adversaires politiques et aucun scrupule à mentir éhontément au mépris de la réalité que tout politicien blanchi sous le harnois. Mieux vaut donc rigoler de sa conception de la rénovation politique.
Quant à François Bayrou – profession : sempiternel candidat malheureux à l’élection présidentielle – il préféra faire “faire cavalier seul”, ce qui est somme toute fort logique pour un éleveur de chevaux, à ceci près qu’il prend le mors aux dents dès qu’il sent l’écurie (présidentielle), refuse les obstacles et ne tient pas l’allure : forcément éliminatoire pour le fameux prix du Président de la République (trot attelé)
Comme le soulignait fort à propos le 15 fév. 2011 Jean-Marcel Bouguereau dans son éditorial de la République des Pyrénées : L’UMP chasse en meute contre DSK. Ce n’est nullement une vue de l’esprit et je l’affirme depuis aussi longtemps que Nicolas Sarkozy lance ces chiens de garde à l’assaut de tous ceux qui ont l’outrecuidance de s’opposer au “petit timonier” et François Baroin, ministre du Budget et porte-parole du gouvernement crache le morceau : «On chasse en meute»…
Le “Harry Potter” chiraquien a vieilli et perdu la recette de sa b(r)aguette magique, les copeaux de langue de bois de la vulgate sarkoïdale embarrassant prodigieu-sement son discours (le souffleur est au Grand Guignol l’Elysée… si ! si ! il existe). Les formules magiques apprises par cœur à l’école des sorciers de la rue de la Boétie ou à l’Elysée n’ayant plus aucun effet pour faire reculer les «mutins lutins malintentionnés» et revendicatifs, sa pitoyable défense devient abracada-brantesque.
Une fois de plus, la matière étant fort riche, je vous propose de suivre les attaques tous azimuts de la meute aux ordres de Sarko et les prouesses de Christian Jacob dans une série d’articles :
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Attention danger ! Christian Jacob a ouvert sa bouche fosse à purin et ça fouette grave ! (II)
Taïaut ! Taïaut ! la chasse au DSK est ouverte par la meute des chiens de garde de Sarko (III)
Pour l’UMP Dominique Strauss-Kahn est mauvais pour la France mais excellent à l’étranger (IV)
Loi du boomerang : le tir d’artillerie lourde contre DSK ressoude… le Parti socialiste et la gauche ! (V)
Les primaires du PS : «un scrutin de bobo» dixit François Jacob (VI)
«La terre ne ment pas»… Christian Jacob se trompe d’époque ! (VII)
La convention sur «La laïcité et la place de l’islam dans la République» : le cimetière de Sarko ? (VIII)
Présidentielle 2012 : Nicolas Sarkozy pulvérisé par Dominique Strauss-Kahn ? (IX)
Nicolas Sarkozy : lamentable en France, calamiteux à l’international (X)
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Bonne lecture…