Les hommes au phallus triomphant ont traversé les siècles aux côtés de femmes dépourvues de sexe ! C'est ce que laisse à penser la sculpture, la peinture et l'art en général qui longtemps ont tenu secret le sexe de la femme. Il aura fallu attendre que Courbet fasse poser l'une de ses jeunes maîtresses pour que le tabou se lève. L'Origine du monde permettait enfin de montrer ce que les hommes cherchent à voir par tous les moyens.
Le sexe de la femme attire le regard par deux éléments distincts : le triangle de poils sur le pubis, et la fente vulvaire. Comme pour toutes les autres parties du corps, les habitudes culturelles des différentes sociétés et les variations de la mode ont amené les femmes à intervenir pour changer l'aspect de leur sexe.
Les nymphes
La fente vulvaire laisse passer les petites lèvres autrement appelées nymphes. De taille et de plissements très variés, les nymphes sont toutes différentes, d'une femme à l'autre. Dans les sociétés européennes, on éprouve plutôt de la gêne, voire de la répulsion, si les nymphes sont trop grandes, dépassent trop, pendent, sont longues "comme des crêtes de dindons en colère", dira Brantôme. On a même cru que leur allongement était le signe d'une masturbation honteuse, le fait de "femmes en rut, qui les touchaient, maniaient, tournaient, allongeaient et tiraient si souvent qu'elles s'en donnaient mieux du plaisir". Certains médecins ont donc proposé de les tailler pour les raccourcir.
Au contraire, les femmes des Bantous et des Hottentots profitaient de l'élasticité des nymphes pour les étirer jusqu'à plus de 10 cm et en faire un "tablier" érotique. Mais, malheureusement, ce sont les mutilations du sexe féminin qui sont les interventions les plus répandues : beaucoup de peuples et de religions préconisent l'excision du clitoris, et celle-ci est souvent accompagnée de l'excision des nymphes, et même, quoique plus rarement, de l'infibulation (couture des grandes lèvres pour garantir la virginité).
Objet de coquetterie
Quant aux poils, de tout temps certains ont voulu les raser (Grecs de l'Antiquité, musulmans…) soit pour faire disparaître ce signe d'animalité (ce qui est une sottise, puisque les femelles animales ont une vulve sans poils spécifiques), soit pour rendre plus net, plus "propre" le sexe féminin. Le rasage redonne aussi au pubis un air d'avant la puberté, un aspect de sexe de fillette, ce qui semble rassurer certains, ou les exciter sans risque.
Mais d'autres trouvent un aspect maladif aux pubis sans poils ou peu velus, et préfèrent les toisons longues et pendantes. Finalement, les Européennes ont peu succombé à la tentation de se raser totalement le pubis (alors qu'elles s'épilent généralement les aisselles), et nos contemporaines ont l'air de s'orienter plutôt vers le jeu des couleurs, offrant des teintes de jaune, bleu, vert, rose… à leurs poils pubiens. Elles retrouvent ainsi les attentions que les femmes de la Renaissance avaient pour leur toison dont elles faisaient friser les poils "comme pour une perruque", ou qu'elles présentaient "en les entortillant de rubans de soie cramoisie" afin d'être plus désirables encore.
En somme, malgré son enfouissement loin de la vue, sous les jupes, jupons, pantalons, slips et autres guêpières, le sexe féminin peut se voir l'objet des mêmes soins de maquillage et d'épilation que le visage. Il n'y a qu'à laisser aller son imagination.