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A Edouard Glissant
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Il nous restait la hache et la varlope
Pour tailler aux bayous des mystères
Les pirogues ouvertes
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Sagaie en main
Nous savions déjà
La torpeur moite
D’une terre abreuvée
De sang et de chaines
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Ce ne fut que long cri
Lancé aux quatre horizons
Lente clameur
Sourde peine
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Les chemins de légende se croisaient dans le noir
Nos yeux n’y voient goutte
Aux sombres frondaisons emmêlées de brumes
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D’un lent soupir exhalé
Tu as rejoint ce territoire
Délaissé les lianes et les rhizomes
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Ton ombre désormais ne pourra que s’accorder
Au pas ému des humains en travail
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Une sueur aveugle ton œil
Le pique au sel de l’œuvre infinie
Tant de pages à écrire qui attendent leur heure
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Et ce monde en gésine qui ne sait que faire
De ses deux mains sanglantes d’avoir trop œuvré
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Nous attendrons
Frémissants
Le retour d’une ombre
La fragrance d’un jasmin
Sera mémoire
Plantée aux sables
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Et nous irons debout
Conter l’interminable histoire
De chaines et d’échines
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Manosque, 4 février 2011
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