Depuis quelques jours on assiste à une réelle révolution arabe, menée par des jeunes las des politiques locales qui boudent leurs préoccupations, leurs problèmes et qui les plongent dans un puissant sentiment d’aliénation. La chute du régime de Ben Ali, aussi inopinée que médiatisée a créé une vague de soulèvements qui submerge le monde arabe ; du Maroc à Bahreïn, du Yémen à l’Irak, les citoyens, descendent dans la rue pour demander des réformes politiques et une plus grande justice sociale.
Révolution libyenne (c) Pete Riches Depuis lors les gouvernements arabes tentent tant bien que mal d’étouffer ces mouvements contestataires par des mesures préventives sensées absorber la grogne sociale par l’annonce de réformes politiques, économiques et sociales afin de prévenir la dégénérescence. Dans le cas de l’Egypte de Moubarak, et devant un fait accompli, la répression fut violente et brutale, mais le Rais a finit par céder et quitter le pouvoir évitant ainsi un bain de sang. Tout aussi répressif, le colonel Kadhafi a promit de "nettoyer la Libye". L'obstination du guide libyen à garder le pouvoir semble intraitable. Ce qui change la donne par rapport à la Tunisie et l’Egypte, ce sont les milices de Kadhafi, ainsi que les mercenaires importés d’Afrique subsaharienne qui sèment la terreur parmi la population. Dans une telle ambiance, des voix s’élèvent pour demander une intervention militaire en Libye, au risque de voir le pays s’enliser dans une guerre civile et une véritable crise humanitaire. Alors faut-il s’engager militairement en Libye ? Quels risques éventuels ? Et quelles sont les options adoptables pour dénouer cette crise Libyenne ?
Les informations en provenance de Libye restent partielles et assez contradictoires, une chose est sûre : le régime est brutal avec les dissidents, le colonel Mouammar Kadhafi ne lésine pas sur les moyens pour s’assurer de garder son pouvoir, entre mercenaires africains, milices de la mort, et armes lourdes, les outils les plus sanglants sont sollicités pour étouffer la révolte qui a éclaté depuis quelques jours à Benghazi et qui s’est propagé à l’ensemble du territoire libyen. L’est du pays, avec les villes de Benghazi et de Tobrouk, est tombé aux mains des insurgés, ce qui a permis l’entrée dans le pays de journalistes étrangers qui ont pu transmettre des informations sur les combats et l’attitude du régime face à l’insurrection populaire.
Des rapports faisant état de centaines, voire de milliers de morts indignent et embarrassent la communauté internationale. Même si tout le monde était conscient du caractère tyrannique et erratique du guide, il devient plus pressant que jamais, que les puissances occidentales interviennent pour mettre fin aux agressions meurtrières dont fait l’objet le peuple libyen mais jusqu’à aujourd’hui la communauté internationale s’est limitée à condamner verbalement les agissements du régime Kadhafi.
Les réactions se multiplient, suivant l’évolution de la situation en Libye. Timides et timorées jusqu’alors, on procède à l’évacuation des dizaines de milliers d’étrangers travaillant là-bas qui ont été pris au piège des violences. L’UE a condamné via son président Herman Van Rompuy les violences "horribles" perpétrées par les forces libyennes contre les manifestants, tout en soulignant que ces crimes ne peuvent “pas rester sans conséquences”, ainsi, la communauté internationale se contente de parler au lieu d’agir pour mettre fin à ce qui s’apparenterait à un génocide perpétré contre le peuple libyen.
Mais le problème est là, justement, car sauf dans le cas de génocide comme au Rwanda, une intervention militaire sous l’égide de l’ONU n’est pas toujours la meilleure solution. Un engagement militaire peut être lourd de conséquence et les "intrus" pourraient être perçus comme des impérialistes, et là on est loin d’atteindre les objectifs escomptés, pire, une opération militaire en Libye pourrait même avoir un effet inverse, et offrirait à Kadhafi la stature de résistant nationaliste voire, en cas de son élimination, le titre de martyre, très nocif à l’équation mediatico-politique si l’on se réfère à la carte ethnique en Libye, d’autant qu’une telle intervention serait sans doute déléguée à l’OTAN, déjà mal aimé dans la région, des suites de ses actions dans le monde musulman. Une position confirmée par la déclaration conjointe du secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen lors d'une conférence de presse avec le président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Enfin, une option hypocrite et médiocre serait d’attendre que les rebelles libyens aient raison de la ténacité de Kadhafi, comme cela fut le cas pour ses homologues tunisien et égyptien.
En conclusion, il convient de dire qu’une intervention militaire en Libye est envisageable certes, mais comme ultime option, puisque les calculs stratégiques penchent en faveur de l’inutilité de ce genre d’action si ce n’est l’aggravation de la situation en cas de récupération politico-idéologique qui risque d’embraser la région, à cause de considérations religieuses, tribales et ethniques. L’acteur sensé perpétrer l’action militaire est la deuxième source de cette impotence internationale vis-à-vis de la crise libyenne, car on sait que l’OTAN refuse d’intervenir. En attendant une solution radicale à la crise libyenne, certains acteurs internationaux ont prit des décisions pour fragiliser d’avantage le régime libyen, c’est le cas de la Ligue arabe qui, pour la première fois, suspend un Etat-membre pour des problèmes relevant de la "souveraineté nationale". Autres articles avec des tags similaires
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Ali Belhouchet, le 07/03/2011