Film chinois de la réalisatrice Li Yu, Lost in Beijing / Ping guo (2007) est un drame qui met en scène l’histoire de Ping guo (Fan Bing Bing). Cette dernière travaille comme masseuse dans un salon dont le propriétaire est Lin dong (Tony Leung Ka Fai). Un jour alors qu’elle a trop bu, Ping guo est violée par son patron. Ils sont surpris par son petit-ami, Kun (David Tong Da Wei). Le temps passe, Ping guo est enceinte…
Certains cinéastes chinois tentent de jouir d’une certaine liberté. Une liberté de ton dans un pays dont le pouvoir a lâché du leste depuis ces dernières années. On a pu voir le mitigé Une jeunesse chinoise de Lou Ye dans cette façon de se permettre les choses et où comme souvent liberté rime avec sexe. Cela n’empêche pourtant pas ces films de subir les foudres de la censure. En cela, Lost in Beijing n’est pas épargné. Le film de Li Yu a rapidement été retiré des écrans en Chine. La faute ? Au sexe. Li Yu n’a pas su résister au canon de cette « liberté » qui passe forcément par le sexe. Le montrer comme un gage de liberté donc. Là est l’erreur de ces cinéastes qui pensent que le sexe leur permet de braver l’interdit. Lost in Beijing souffre de cette fausse idée et parsème le premier quart d’heure de ce qui était exaspérant dans Une jeunesse chinoise. Montrer le sexe c’est être contre-pouvoir. Est-ce une espèce de manque de maturité ? Un besoin inassouvi d’extérioriser ? Qu’importe. Dans tous les cas, le film de la réalisatrice chinoise endure une classification de Category 3 qui fait plutôt mal sauf peut-être pour se faire voir en dehors de ses frontières. Nous sommes friands des rejetés et autres censurés par chez nous, ça tombe bien.
L’intelligence sans doute de Li Yu, c’est d’éviter le piège du sexe pendant deux heures et c’est tant mieux. Elle raconte avec Lost in Beijing, le viol, l’adultère, le fait de tout vouloir monnayer mais surtout l’homme et son visage hideux. Une tragédie humaine entre la comédie et le drame. Elle y montre une réalité sombre dont l’humour est d’un cynisme obscur. Les personnages masculins sont peu reluisants. L’argent comme leitmotiv. L’argent achète tout, même les bébés. Le chantage est omniprésent. L’homme évince la femme dans les décisions. La femme, elle, est attentiste et ne prend sa vie en main une fois qu’elle décide de s’enfuir. Finalement, Lost in Beijing est un film qui parlera au plus grand nombre. L’histoire que le film raconte est universel, le genre d’histoire qui pourrait se passer partout. C’est à la fois triste et exagéré. Notons la belle prestation de Tony Leung Ka Fai qui offre un superbe volte face. D’un patron salaud qui trompe sa femme, il passe à un personnage papa poule génial tout en conservant une part bien masculine.
Lost in Beijing de Li Yu n’est pas parfait. Il ne sera pas le film d’auteur qui défrayera les chroniques néanmoins il reste un film à découvrir.
I.D.
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