Chronique du lundi 7 mars 2011.
Les remous qui agitent le club de l’Aviron Bayonnais ne sont que les stigmates d’une croissance toujours difficile pour le rugby français. Entre ceux qui prônent un Top14, championnat des villages, et les autres, les tenant de la structuration d’un secteur économique en plein boom, le combat fait rage. Idéalement, le seul gagnant devrait être le rugby mais, attention, ambitions personnelles et volonté de se servir de ce qui est, avant tout, un tremplin d’accessit social, sont des menaces sérieuses pour le développement du rugby. Explications…
Bayonne, comme Colomiers et Bourgoin ?
Ce qui se passe à l’Aviron n’est pas nouveau pour le rugby. Avant le club Basque, c’est du côté de Colomiers et de Bourgoin, notamment, que la même histoire s’est produite. Les Columérins avaient dans les années 90 eu la possibilité de voir British Airways investir un peu plus de 3 millions d’euros dans le club. Problème, les anglo-saxons voulaient exercer un minimum de contrôle sur l’argent qu’ils investissaient. Refus poli, et suicidaire, des banlieusards Toulousains qui n’entendaient pas partager le pouvoir.
Bourgoin, début des années 2 000. Philippe St André est alors manager du club Berjallien et propose à son président, Pierre Martinet, l’entrée au capital d’un certain nombre d’investisseurs, ce qui permettait de stabiliser économiquement le club Isérois et de pérenniser le modèle de l’Auxerre du rugby qu’il était en train de construire. Problème, encore une fois. Les nouveaux investisseurs souhaitent contrôler leurs investissements en entrant au comité directeur du club. Le projet St André tombe à l’eau, l’ancien capitaine de l’équipe de France quittant même le club, en plein désaccord avec son président. C’est le début de la fin pour Bourgoin qui, aujourd’hui, est en train d’agoniser et d’en terminer avec son aventure dans le monde professionnel.
Le problème du rugby est que certains de ses dirigeants préfèrent encore et toujours être numéro 1 de quelque chose de petit que numéro 2 de quelque chose de grand. Par soucis d’intérêt personnel, de susceptibilité mal placée et d’ambitions aussi locales que personnelles, ils préfèrent couler le navire plutôt que de le voir voguer dans des mers trop grandes pour eux.
Quel avenir pour les Bayonnais ?
Est-ce que la même histoire est en train de se produire à Bayonne ? En décidant de continuer à faire confiance à Francis Salagoïty le risque est grand, même si Alain Afflelou annonce maintenant rester le principal investisseur du club.
Le différent qui oppose Bernard Laporte au président Bayonnais vient certainement d’un manque de manières de l’ancien ministre qui a, peut-être, voulu aller trop vite et a oublié de ménager les susceptibilités locales. Sa véritable erreur a été de ne pas laisser les autres, et Francis Salagoïty le premier, tirer les bénéfices de ses actions. Du coup, il a mis a nu les faiblesses passées et a aiguisé la rancoeur, s’identifiant comme un rival alors qu’il s’était positionné comme un simple accélérateur.
L’Aviron Bayonnais est entre 2 eaux. Le club a réussi à pérenniser sa participation au Top14, même s’il a frôlé la correctionnelle l’an dernier. A la lutte pour une qualification en HCup qui lui ouvrirait de nouveaux horizons, il n’a plus le droit, maintenant, de stagner. Le niveau du Top14 s’est sérieusement élevé cette année et un club qui ne se structure pas est condamné à régresser. Du coup, les Bayonnais ont besoin d’un projet ambitieux pour grandir. Ils ont fait le tour du potentiel local et la seule manière de progresser est de s’ouvrir sur l’extérieur et d’avoir une vision nationale de leur problématique économique.
Alain Afflelou a constitué une première étape, Bernard Laporte semblait être capable d’aider le club dans sa progression. Apparemment, il n’en sera rien et le club Basque reste aux Basques, pour reprendre la stratégie de fond et de réflex-cons mise en place depuis quelques jours. Souhaitons aux joueurs de l’Aviron que ces évènements ne les obligent pas, à nouveau, à sortir les rames…
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