Le fastfood de la finance?

Publié le 06 mars 2011 par Fabien Major @fabienmajor

Dès qu’on débute dans l’investissement, on est confronté aux recettes. Les recettes pour s’enrichir facilement, les trucs pour s’assurer des revenus éternels… et évidemment pour PROTÉGER ses actifs.

Comme la pasteurisation des aliments, la diversification permet à l’investisseur de ne pas voir ses économies trop se gâter avec le temps. Les principes de bases de la diversification sont entrés dans la gestion financière à partir de la «Théorie moderne du portefeuille» d’Harry Markowitz en 1952. Comme une recette de grand-maman, elle est excellente et… peu respectée. C’est seulement lors des crises en reniflant le brûlé qu’on réalise qu’on a oublié quelque chose au feu!

Markowitz a démontré que si on mélange suffisamment de titres peu corrélés entre eux (qui réagissent aux données économiques de façon très différente) on diminuera le risque et curieusement… on augmentera le rendement à long terme de son portefeuille! Saisissez-vous? En multipliant les placements aux comportements différents, on sécurise et on performe davantage! Ah bon!

Et pourquoi donc, une majorité d’investisseurs ignore cette théorie qui FONCTIONNE?
On veut passer par-dessus les trois mots les plus importants de la recette: … à long terme!  Respecter son plan et maintenir le cap pendant des années est ce qu’il y a de plus difficile à concevoir. Ce n’est pas différent de la bonne recette de grand-mère. Les aliments doivent être bien choisis, ça prend du temps à apprêter et un temps fou à mijoter. Mais lorsque le parfum des jarrets d’agneau au romarin envahit toute la maisonnée… on sait que le temps valait le coup. Impensable au micro-ondes, n’est-ce pas? OUi, c’est vrai, la belle théorie de Markovitz est d’un ennui mortel. Une fois qu’on a sélectionné les pourcentages des classes d’actifs nécessaires à notre placement, on n’a qu’à attendre et faire de petits ajustements. Brasser la sauce, tourner les morceaux et refermer le couvercle!

En sélectionnant vos actifs avec le plus grand soin, tâchez d’éviter les redondances. Si vous avez 4 fonds canadiens dans 2 banques et une caisse, ce n’est pas de la diversification. Ce n’est que de l’éparpillement! Certains ont tellement de produits différents, qu’on dirait qu’ils gèrent la Caisse de dépôt! À partir de votre profil d’investisseur, vous pouvez aisément construire un bon portefeuille avec des actions canadiennes, étrangères, de petites sociétés, privilégiées, des obligations gouvernementales et de sociétés, etc.

Il est là le défi: diversifier ses actifs sans s’éparpiller!  Allez-y avec ce que vous connaissez. Je vous suggère d’inclure seulement les produits financiers que VOUS êtes en mesure d’expliquer. Autrement, il ne faudra pas vous surprendre si un jour, ça occasionne des déceptions! Ne laissez pas n’importe quel chaudron entrer dans votre cuisine!

Qu’est-ce que le plus grand investisseur de l’ère moderne, Warren Buffett pense de la diversification? Il faut s’en méfier. Selon lui, on doit investir dans ce qu’on connaît bien et limiter le nombre de titres. «Une trop grande diversification est nécessaire seulement pour les gens qui ne savent pas ce qu’ils font!» Son conglomérat Berkshire Hataway détient en général moins de 50 positions. Ça ne l’a pas empêché de réaliser un rendement annuel composé de 20,3% depuis 1965!