L’OBSCURITE
Plus noir que noir :
l’obscurité
j’y suis,
je me confonds avec.
Mon corps marécageux fait corps
avec le limon primitif.
Mais je ne devrais dire « je »,
pas davantage dire « mon » ;
je les dis par commodité.
Car, juste émergée du sommeil
je ne fais qu’un
avec mon lit
où la pleine osmose
me lie ;
plaisir de l’indifférencié.
Tout s’annule
dans le néant
lisse et poli
de cette poix
de cet énorme poids
de nuit
qui veut garder tout
en son sein.
Il n’y a pas
d’ici, d’autour
seule est la masse
au noir brillant
qui baigne
ce qu’elle contient
et en même temps l’abolit.
Mollesse du corps étendu
comme frappé par l’amnésie,
prisonnier de
l’immersion
tel un caillot de temps premier
que l’invisibilité soude,
unit au non-être ambiant.
Le monde n’est qu’une entité
couvant sa propre gestation
dans cet immobile refus
d’exprimer sa diversité –
l’existence est loin
on est bien !
Patricia Laranco.