La question structurante durable qui s'impose désormais n'est pas de commenter la percée de Marine le Pen mais de tenter d'identifier son seuil technique plafond du premier tour. A 23 % d'intentions de votes, Marine le Pen a encore de la marge de progression.
Le sondage Louis Harris publié ce jour porte quatre informations majeures au sujet d'une opinion qui commence à se structurer :
1) Le vote Marine le Pen progresse parce qu'il n'est plus le simple vote des peurs mais qu'il est le vote des révoltes contre le système. En 1980, Reagan avait une formule pleine de bon sens : "il est temps de casser le noeud parce qu'il n'y a plus moyen de le défaire". C'est l'ambiance actuelle.
Dans cette ambiance, Marine le Pen a encore de la marge de progression. Le dernier sondage LH2 / Nouvel Obs du 07/02/11 indiquait 31 % de reconnaissance de proximité avec les idées du FN ...
Par conséquent, Marine le Pen n'a pas encore fait le plein de son potentiel.
2) La gauche de la gauche ne capitalise pas la révolte et pour cause : Marine le Pen arrive en tête des votes dans l'électorat populaire et largement (37 % d'intentions de vote chez les employés, 32 % chez les ouvriers).
3) La nouvelle bataille qui s'ouvre n'est pas seulement le duel Le Pen / Sarkozy mais Villepin / Bayrou. En cumulé, ils sont à 15 % d'intentions de votes. C'est le seuil qui rend tout possible surtout quand le Chef d'Etat est ramené au seuil des 20 %.
A deux, ils se neutralisent. A un, ils s'ajoutent pour l'essentiel et changent la perspective du premier tour avec un pôle modéré compétitif.
Quand effectuer le choix ? Comment ? Est-ce possible ? C'est le prochain rebondissement de la présidentielle 2012.
4) Depuis janvier 2008, Nicolas Sarkozy est descendu sous la barre des 50 % des opinions positives. Un seuil qu'il n'a jamais refranchi depuis. Dans ces conditions, comment vivre demain un rebond qui fut toujours impossible hier ? La perspective de rebond risque de s'éloigner de plus en plus car elle n'a pas de socle technique.