Une silhouette noire sur fond de blancheur immense. Le soleil était bas sur l'horizon. J'ai plissé les yeux pour mieux voir. C'était une femme. On aurait dit qu'elle marchait appuyée contre un vélo. Puis j'ai compris : c'était un déambulateur. Je grelottais de froid. Quelle que fût cette femme, je ne pouvais pas rester tout nu à côté de mon trou. Je suis rentré à la maison à toute vitesse en me demandant si j'avais eu des visions.
Une fois habillé, j'ai pris mes jumelles et j'ai escaladé le rocher.
Je n'avais pas eu la berlue."
Fredrik Welin, ancien chirurgien orthopédique, s'est réfugié sur une île il y a douze ans de cela suite à un bouleversement dans sa vie professionnelle... Il y vit depuis en reclus en compagnie de son chien et de son chat, perturbé seulement par la visite régulière de Jansson, le facteur. Tous les jours, il se baigne nu dans un trou creusé dans la glace et annote son journal. Pourtant dans sa vie actuelle rien ne se passe, seule la fourmilière qui a envahi une partie de son salon progresse tranquillement... Un beau jour, son ancien amour délaissé débarque brusquement arrimé à un déambulateur, Harriet. Fredrik découvrira alors que le temps de la solitude a tout à coup pris fin...
En vrac et au milieu de paysages de la Baltique que l'on devine magnifiques, vous trouverez des femmes battantes, des tours en bateaux, un facteur hypocondriaque, une roulotte tapie au fond d'une forêt, un lac, un road movie, un créateur de chaussures uniques et une fête d'été improvisée. Du rêve, de la chaleur et de la psychologie travaillée donnent à l'ensemble tous les ingrédients d'un très bon moment de lecture.
Entre autres lectures...
Pour Cuné : "Un roman magnifique et vibrant, tout en retenue et pureté. Des personnages qui explosent de présence, Louise qui croit en un monde où l'on résiste ou Jansson l'hypocondriaque qui peut prédire la météo grâce à ses pouces, de l'entraide, une douceur qui est tout sauf triste, un univers douillet et précieux que l'on quitte à grand regret. Je ne connaissais pas la plume d'Henning Mankell sous cet aspect, je suis complètement sous le charme."
Pour Cathulu : "Une psychologie fouillée mais sans pathos qui réussit tout en délicatesse à nous amener parfois au bord des larmes sans pour autant être déprimante, un roman chaleureux qui nous prend par la main et qu'on ne lâche plus."
Pour Aifelle : "Henning Mankell nous laisse entrevoir une rédemption possible pour Fredrik et c'est une fin qui me convient. Il excelle à nous transporter dans les paysages suédois, l'île, la forêt, la neige, le froid. Jusqu'à présent, je n'avais lu qu'un policier de cet auteur, sans plus d'intérêt. Là, je suis enthousiasmée par ce roman introspectif."