Une période de crise et de réaménagement
La période de la grossesse, déjà riche en modifications physiques et physiologiques, est également une période de grands bouleversements psychologiques. Il faut d'abord distinguer le désir de maternité (le fait d'être enceinte), qui correspond à un désir de complétude, et le désir d'enfant (très fantasmatique et relié aux premières expériences de l'enfance) qui lui est intriqué. Le bébé fantasmatique devient un bébé réel. Le processus complexe de maternité commence très tôt dans l'enfance de la future mère, dans ses rapports avec ses parents. La grossesse est une nouvelle crise de maturation (comme la puberté) qui contribue par des facteurs hormonaux et neuropsychologiques à un nouvel état d'équilibre et une nouvelle identité sociale. Par ailleurs, du fait d'une plus grande perméabilité aux phénomènes inconscients, il peut y avoir réactivation de conflits infantiles anciens ou de traumatismes.
Les petits troubles de la grossesse
Très fréquents en début de grossesse, les vomissements sont considérés comme physiologiques. Ils relèvent partiellement (ainsi que les « envies » et « dégoûts divers ») d'un mécanisme de régression orale. L'anxiété, que l'on retrouve en début et en fin de grossesse, qui correspond souvent à la peur de l'accouchement ou la crainte d'un enfant handicapé, est banale et transitoire.
Les dépressions
Il y a environ 10% de femmes enceintes qui ont des problèmes de dépression. On s'en rend compte par une exacerbation de l'anxiété, des crises de larmes répétées, des plaintes fréquentes et une dépendance affective forte. Les femmes jeunes, celles qui ont eu des problèmes obstétricaux lors d'un précédent accouchement, celles qui ont eu un avortement, celles qui ont des traumatismes de l'enfance, ont plus de risque de faire une dépression. Il est important de repérer une dépression le plus tôt possible car il y a un risque de problèmes lors de l'accouchement, et un risque de faire une dépression postnatale. Une écoute attentive est parfois l'essentiel du traitement, avant d'envisager les traitements médicamenteux. Enfin, les dépressions graves sont rares pendant la grossesse.
Les vomissements gravidiques
Ces vomissements se prolongent après le troisième mois de grossesse, ils sont pathologiques et peuvent conduire à une perte de poids et des troubles métaboliques. Ils sont plus fréquents en milieu urbain, chez les femmes stressées, lors de grossesses non désirées et chez les personnalités hystériques qui ont des problèmes relationnels avec leur mère.
Les névroses post-traumatiques
Quand un premier accouchement s'est mal passé, il peut en résulter une crainte et une phobie du futur accouchement. Le suivi médical et psychologique doit être particulièrement attentif.
Le déni de grossesse
Le déni de grossesse est plus fréquent qu'on ne le pense. Le déni de grossesse est la négation inconsciente de la perception de l'état de grossesse. Il peut persister jusqu'à l'accouchement alors que la grossesse n'a pas été surveillée. Certains néonaticides (meurtre d'un enfant de moins de 24 heures) sont dans la continuité d'un déni de grossesse. Cet état psychologique grave s'apparente à une psychose. La première perception de la grossesse est immédiatement refusée et laisse la place à d'autres interprétations pour les modifications corporelles. Ce phénomène est surtout constaté dans les milieux où les interdits sexuels sont très forts, et quand il y a ambivalence (perception et sentiments contradictoires) vis-à-vis de l'enfant à naître. Un accompagnement social et psychothérapeutique est proposé après l'accouchement, mais curieusement, on observe peu de troubles affectifs ou du développement chez les enfants.