Et bien ça ne l'est pas, preuve en sont le Père siffleur plus bas et la salve de compliments qui va suivre cette phrase. Tout simplement parce que Takashi Hashiguchi est parvenu à s'approprier les doigts dans le nez les codes du genre pour les transposer dans cet univers culinaire en les tartinant au passage d'une bonne dose d'exubérance. L'univers en question, c'est celui d'Azuma Kazuma, apprenti évidemment doué qui a pour objectif de concevoir un pain national pour le Japon. Je vous ressers l'habituel couplet : adversaires de plus en plus coriaces dans les compétitions, conseils avisés qui le font progresser, plein d'explications techniques enrichissantes pour le lecteur...
Une différence notable toutefois, vient du fait que Kazuma est suffisamment brillant et inventif pour se débrouiller tout seul très rapidement. En contrepartie, il est plutôt largué sur ce qui n'a pas trait à son art, façon Son Gokû qui sort de sa campagne. Ce n'est toutefois là pas le ressort comique principal de cette série qui multiplie (comme Jésus les pains, d'où le titre, wouah trop fort) les gags et les séquences surréalistes. Entre les personnages grotesques qui ne dépareilleraient pas dans un shōnen guerrier (un samurai, un pierrot, un afro, un homme-pyramide, un roi au faciès de lion...), les réactions que provoquent la dégustation des pains cuisinés par les artisans rivaux (projection sur la Lune, dans le temps, en haut de l'Everest, à Paris...) et l'expressivité excessive de la moindre réplique, difficile à moins d'être un bambou de ne pas remuer les lèvres devant tant d'efforts pour provoquer l'hilarité. Même si, pour rester digne, il convient de ne pas aller plus loin que des sourires et soupirs nasaux.
Côté dessin, rien de fracassant, si ce n'est que la moindre pâte pétrie ressemble à un combo de Street Fighter (souvent présent en clin d'oeil) et que les mets préparés filent l'eau à la bouche. Et il y a de jolies jeunes filles, fan service oblige. Dernier bon point à mettre au crédit du titre : il a le bon goût de ne pas s'éterniser sur des dizaines de tomes. Du coup, même pas le temps de se lasser. C'est ici qu'il faut dire "banco!".
Yakitate!! Japan (Shougakukan) 2002-2006