Le samedi, pas de politique ici même si le titre du présent billet est aussi celui d'un bouquin d'un politicien dont le rêve inaccessible était sans doute de prendre la place de MAM pour retrouver le quai (l'eau trouble !) d'Orsay et son vieux pote Longuet.
Voici quelques lignes de Mort à Venise de Thomas Mann accompagnées de quelques clichés...
«L'air était calme et rempli d'odeurs, le soleil dardait ses rayons brûlants à travers la brume qui donnait au ciel une couleur ardoise.
L'eau se brisait en clapotant contre le bois et la pierre.
L'appel du gondolier, mi-avertissement, mi-salut recevait, par une étrange convention, une réponse du fond du labyrinthe silencieux.
Depuis de petits jardins suspendus, par-dessus des murailles qui s'effritaient pendaient des ombrelles blanches et pourpres exhalant un parfum d'amandes.
Des embrasures des fenêtres mauresques se reflétaient dans l'eau trouble. Les marches en marbre d'une église descendaient dans les flots; un mendiant accroupi dessus, proclamant sa misère, tendait son chapeau en montrant le blanc de l'œil comme s'il était aveugle; avec des mimiques flagorneuses, un marchand d'antiquité devant son repaire invitait le passant à s'arrêter, dans l'espoir de le tromper.
C'était Venise, beauté enjôleuse et suspecte - cette ville, à la fois conte de fées et piège à étrangers, dont l'air putride baigna jadis la luxuriante efflorescence de l'art, et qui inspira aux musiciens les accents qui bercent et invitent à la volupté.»