Elle te ressemblerait, elle aurait ton sourire, elle te serait acquise. Ses bras chercheraient constamment à enserrer ta taille, ton cou, tes jambes, à entraver ta marche dans un éclat de rire. Et tu aimerais cela, beaucoup, cet enchevêtrement dans tes mouvements, cet excès de tendresse.
Tu m'en saurais gré finalement de cet orgueil tardif, de ce don de vie qui nous aurait soudé.
Je rêve d'une maison, d'un soleil d'hiver rentrant à flots dans toutes les pièces, d'une famille d'où nous serions le centre, comme un pays duquel on s'éloigne et vers lequel on revient toujours. Elle serait plus au sud bien-sûr - cette maison que je ne connais pas - dans tes terres.
D'avoir retrouvé le lieu de ton enfance, tu en serais heureux, enfin.
Je rêve d'un quotidien main dans la main, de silences partagés, de me rendre compte combien nos différences ne sont rien, que des encastrements de puzzles colorés. Tu aimerais par dessus tout me regarder m'assoupir un enfant contre le ventre.
L'indifférence d'hier disparaîtrait peu à peu au profit de l'amour, aujourd'hui serait mieux.
Je compte les jours sur mes doigts entre ce moment où j'aurais pu tout changer, et ce qui m'éloigne à jamais de toi. Les années qui passent effacent inexorablement les rêves d'enfantement, de vie transfigurée, transforment le quotidien en ligne droite.
Il m'arrive simplement de rêver quelquefois d'une petite fille aux yeux clairs, qui prendrait ta main puis la mienne, et s'en irait ainsi dans un tourbillon jouer doucement dans la lumière .
© Les écrits d'Antigone - 2011