Contrairement à une légende vivace de ce côté-ci de la Manche, on ne mange pas mal du tout en Angleterre, et je dirais même qu'on y mange très bien, surtout à Londres il est vrai. Les marchés, certains ouverts tous les jours, attirent énormément de monde, les épiceries ouvertes tard le soir et parfois 7 jours sur 7 (comme les delis newyorkais) vendent les meilleurs sandwiches au monde, et les pubs et restos sont si nombreux qu'on n'a juste l'embarras du choix. Londres est même carrément un paradis pour les gourmands fauchés qui souhaiteraient élargir leurs horizons culinaires. Pour vous y retrouver, je recommande le guide Time Out : Cheap Eats in London, une vraie mine.
Avec le pragmatisme et le sens des affaires qu'on leur connaît, les anglais (inventeurs du sandwich et du fish & chips, je le rappelle) ont ainsi assaisonné le fast-food à l'italienne (Zizzi, Strada, Prezzo), à l'indienne (Sagar), à la grecque (Real Greek), à la portugaise (Nando) pour nous passer l'envie des nuggets et des mcbeurk. Tout en conservant certains principes de base : produits frais du jour, plats cuisinés devant le client, servis presque immédiatement par un personnel réellement souriant et attentionné. Cela vous rappelle quelque chose? Les restaurants japonais de ramens ou de sushis? Bingo. Si vous visitez Londres, vous ne pourrez pas ne pas remarquer ces deux enseignes situées à peu près dans tous les endroits stratégiques : Yo! Sushi et Wagamama. De Piccadilly à Oxford Street, de Soho à Southbank, on les voit partout. Je les ai essayés. Bons ou pas bons? Voici ce que j'en pense.
Yo! Sushi : le plastique c'est pas fantastique
Quand on veut manger des sushis, la difficulté c'est de trouver la bonne équation : bon + frais + pas cher. En général, il manque un des éléments, souvent le troisième. Un entrepreneur anglais, Simon Woodroffe, a eu l'idée en 1997 de créer une chaîne de fast-foods à sushis, sur le modèle du kaiten-sushi, directement importé du Japon. Le principe : on s'installe au comptoir, où défilent sur un tapis roulant des bols ou des assiettes en plastique de différentes couleurs,
chacune correspondant à un type de plat : sushi, maki, cônes, sashimi ou plats chauds. On paye en fonction du nombre et de la couleur des assiettes consommées. C'est réellement un fast-food, puisqu'en principe il n'y a aucune attente : les plats sont prêts quand on arrive. Au besoin, ils sont réalisés à la demande, devant vous, par un ou plusieurs cuisiniers qui ont l'air de ne jamais s'arrêter de trancher, tailler, rouler les fameuses bouchées.Si on considère que les plats sont frais et pas trop chers (compter environ 7£ pour une dizaine de bouchées), c'est plutôt un bon plan. Surtout que le design est amusant (décor plastique et fluo, néons, robinets et distributeurs de wasabi sur les tables, etc) et que se servir sur le tapis roulant est une expérience ludique et interactive. On se surprend à guetter le plat au bout du tapis en espérant qu'un autre client ne le prendra pas avant vous...
Maheureusement, l'expérience a ses limites. D'abord, quand on a un appétit comme le mien, se caler la panse avec de si petites assiettes devient vite un piège pour le portefeuille. Ensuite, en hiver, avec le vent froid qui s'engouffre jusque dans les galeries commerciales d'Oxford Street, on cherche les plats chauds. Chez Yo! Sushi, la carte propose des soupes de miso, des gyoza, des bols d'udon, etc. J'ai voulu tester, et c'était quand même très fade. Le miso, fade, un comble ! C'est si simple à faire, un bon bol de soupe miso, pourquoi faut-il donc que ça me rappelle ces soupes claires qu'on nous sert dans certains mauvais restos japs de Paris? Ensuite, les gyoza étaient vraiment mous, et j'ai eu du mal à savoir le goût de ce qu'il y avait à l'intérieur. Une viande, mais sinon? J'ai mangé de meilleurs surgelés.
Bref, passé l'effet de surprise, Yo! Sushi s'est avéré au final une expérience décevante, qu'il convient de réserver aux petites faims, où il ne faut pas s'aventurer au-delà des sushis/makis de base : c'est fun, mais c'est fade.
Wagamama : la vraie bonne surprise
Maintenant, imaginez tout autre chose. Un endroit chaleureux, où on vous accueille avec le sourire pour vous accompagner à une table d'hôte en bois massif, dans une salle au design moderne mais dépouillé, toute en longueur, avec la cuisine sur le côté. On vous guide, on vous explique, on vous conseille, et le choix se fait vite entre les ramens, les udon, les soba et autres plats de riz au wok. Il y a aussi un menu enfants : croquettes, yakitori, ou nouilles au poulet, pour un prix dérisoire. Toujours pour les enfants, on apporte de petites baguettes plates en forme de pince, c'est plus facile à utiliser. Pendant qu'on choisit, le gosse ravi est en train de faire des coloriages avec les pastels apportés par le serveur.
J'ai testé trois différents restos de la chaîne : sur Haymarket, à Soho et à Marylebone. A chaque fois ce fut excellent, et le service rapide et gentil. J'ai même pris des photos des plats et acheté le livre de cuisine, le "Wagamama cookbook," où on trouve toutes les recettes de la carte et même d'autres.
miso ramen
ebi raisukaree
Un plat suffit à rassasier. Compter entre 6£-10£ selon le plat, 3£ pour un plat enfant. Le miso ramen était copieux, et savoureux, le yakisoba classique et bien fait, et mon préféré est le ebi raisukaree, un plat de style thaï à base de riz et de crevettes, dans une sauce coco-piment-coriandre-citron vert, spectaculaire et stimulant. L'idée de pouvoir refaire ces plats à la maison, à l'aide du livre de recettes (DVD inclus), me fait savourer rien que d'y penser.
Wagamama existe depuis 1992, mais a explosé ces dernières années, exportant le concept du noodle-bar (pas 100% nippon, puisque certains plats tendent vers le thaï ou le chinois). J'attends avec impatience l'ouverture du premier Wagamama parisien, il paraît que c'est en projet. En attendant, pour les touristes en vadrouille à Londres, c'est vraiment le bon plan. Je recommande.
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