C'est désormais la Réunion des Musées Nationaux qui est aux manettes de cette petite surface (500m²), pour continuer à en faire un pôle d'attraction du tout Paris du 3° âge.....L'installation est sobre, dans des caissons de bois sombre, qui font ressortir à la fois les couleurs d'une richesse et d'une diversité inouïes, et le caractère révolutionaire de certains thèmes.
L'exposition a le mérite de juxtaposer les oeuvres de certains contemporains en montrant combien Cranach, tout en faisant des emprunts de thèmes ou de motifs, parvient à les sublimer.
On a beaucoup parlé de son art de montrer la nudité, tout entier dédié à la spiritualité mais aussi à l'opportunité de montrer des corps féminins allongés ou alanguis. C'est le début du Manièrisme, où l'on montre une héroîne juste parée d'un voile tout à fait transparent, mais on vous enjoint (en latin) de ne pas y toucher, ou de ne pas perturber son sommeil (La nymphe de la source). Des portraits d'un réalisme objectif - Frédéric Le Sage peu de temps avant sa mort, le vénéré protecteur - ou l'ami Martin Luther, à plusieurs stades de sa carrière, ou cette délicieuse représentation de la régente des Pays-Bas, Marguerite d'Autriche, au regard plein de bienveillante tendresse.
Pour ma part, j'ai particulièrement apprécié la dernière salle où sont exposées des oeuvres plus profanes comme Hercule chez Omphale ou le couple mal assorti, pleins d'humour et de verve. Ou encore le contraste dérangeant entre le visage avenant de Salomé tenant sur un plat la tête de Saint Jean-Baptiste.
Comme toujours en ce lieu, il est prudent de réserver, il y a déjà un monde fou....
Cranach et son temps, au Musée du Luxembourg jusqu'au 23 mai.