Quand Ron Carlson, né en 1947 dans l’Utah, n’enseigne pas la littérature en Californie, il écrit des romans et des nouvelles. Le Signal, son dernier roman, est le premier édité en France.
J’ai toujours dit et écrit tout le bien que je pensais des Editions Gallmeister et je me régale à chacune de leurs parutions, c’est pourquoi je n’hésiterai pas cette fois à crier à l’arnaque. J’exagère bien sûr, mais pas tant que cela car on peut lire au dos de l’ouvrage « un suspense qui nous mène au paroxysme de l’angoisse » d’après l’éditeur, complété d’un extrait du New York Times « un roman au suspense à couper le souffle ». Qu’est-ce que c’est que ce baratin ? Le suspense est quasi inexistant pour ne pas dire nul ! Si vous achetez le bouquin pour frémir vous serez terriblement déçu, je vous mets en garde. Ceci dit, le livre n’est pas mauvais du tout mais il faut écarter au plus vite l’argument de vente mis en avant par l’éditeur et revenir au texte.
Mack est un homme très attaché à la terre et au ranch familial. Après le décès de son père, différents déboires l’ont acculé dans le rouge, séparé de sa femme Vonnie connue quand ils étaient adolescents, obligé de quitter son ranch, il tourne mal et fraye avec de petits malfrats du coin, traficotage de came, alcool, il ira en prison quelques temps purger sa faute.
Une dernière fois, Mark et Vonnie partent camper et pêcher en montagne pour se dire adieu. Un pèlerinage sur leurs escapades passées dans ces montagnes du Wyoming qu’ils adorent tous les deux. Lui, espère secrètement sans trop y croire, pouvoir recoller les morceaux avec Vonnie, mais il a aussi un autre but à atteindre lors de cette randonnée, retrouver pour sa dernière mission délictueuse les débris d’un petit avion de contrebande échoué dans la montagne. Elle, voudrait que Mark l’oublie définitivement et refasse sa vie en repartant sur de bonnes bases.
L’action se déroule sur six jours, six chapitres du roman. Au cœur de la nature, à l’écart des pistes et même hors saison touristique, la grande solitude n’existe pas, Mark et Vonnie font en faire la douloureuse expérience quand leur route va croiser celles de dangereux braconniers chassant le cerf ainsi que le propriétaire de l’avion.
Livre sur l’amour et la rédemption. Mark le maillon faible du couple, en a bavé et touche le fond du trou, Vonnie refait sa vie avec un avocat et ne manque de rien, obstiné il s’accroche à son rêve qui est double, retrouver Vonnie et son ranch, grand enfant naïf. De leurs aventures dans la montagne Mark va en ressortir plus fort, lavé des scories de ses années tumultueuses et qui sait, réaliser son rêve ? Je laisse le lecteur découvrir l’épilogue de ce roman emprunt de nostalgie et de rêves brisés, écrit sur un rythme rapide, sans phrases inutiles et qu’on dévore, car bien entendu on se prend d’amitié pour ce Mark, bon bougre finalement et on lui souhaite bonne chance.
« C’était sa vie, chevaucher deux heures depuis un ranch qui était lui-même à une heure de la ville, tout en sachant qu’il y avait encore des heures d’inconnu devant lui. Les corniches de la vallée suivante se détachaient clairement et palpitaient dans l’air clair de l’été. Il y était allé une ou deux fois, peut-être ; il se rappelait une dépression avec deux creux pleins d’eau entourés de joncs au pied d’une colline de granit, mais la terre était vierge et, comme tant de choses à cette altitude, elle attendait encore. On lui avait dit qu’il ne restait plus que quelques endroits dans le pays où une personne pouvait encore s’éloigner à huit kilomètres de la route, et, pour lui, cela restait la pire nouvelle qu’il ait jamais entendue. »
Ron Carlson Le Signal Gallmeister