Depuis le 14 février, date de l’annonce officielle de l’annonce du résultat du référendum pour la partition du Soudan, un nouveau pays vient bousculer les frontières tracées lors de la décolonisation.
Capitale : Joba, population : un peu plus de 8 millions d’habitants, Tribu majoritaire : les Dinkas qui seraient un peu plus d’un million. Administrativement, le Sud Soudan, Ganoub il Soudan en arabe, sera validé par l’ONU en juillet prochain si le futur état correspond à certains critères. Il est issu d’un vote massif organisé au mois de janvier dernier au Soudan mais aussi en Europe, en Amérique et dans les pays frontaliers tels que le Kenya et l’Egypte où la diaspora est présente en nombre.
Le désir d’une population de faire sécession et un vote d’autodétermination ne suffisent pas à créer un nouveau pays. Les autorités sud-soudanaises doivent aujourd’hui revoir la constitution établie en 2005 à Néroli alors que la région posait les premières base de la séparation en devenant une province autonome. Elles doivent aussi mettre en place divers structures administratives et faire de la ville de Joba une vraie capitale, le tout en six mois pour obtenir l’aval de l’ONU.
Une population nouvelle
Il faudra aussi composer avec un accroissement de la population qui risque de transformer la sociologie régionale et avoir, à terme, des répercussions sur le Sud et son économie. Les « retournés » comme les appellent les travailleurs sociaux, ont été rappelés en masse afin de pouvoir voter pour le référendum. D’autres ne se sont pas fait prier, comme nous le précisait Yassir Arman (1) en janvier : « Les Chrétiens sont victimes de discriminations administratives au Nord qui est musulman. » La constitution, dès son premier article, place en préambule l’état et la religion sur le même plan. Sur l’ensemble du texte, par contre, aucune religion n’est mise en avant, il est même question de liberté de culte.
Au sud, les « retournés » trouvent un état qui leur correspond… ou presque : « Ils arrivent dans leur famille qui leur demande ce qu’ils rapportent de Khartoum. Comme ils n’ont rien, ils sont livrés à eux-mêmes, » dixit une travailleuse humanitaire qui ne souhaite pas voir son nom apparaître dans l’article. Là, le nouvel état leur donne des terres. Ces citadins se retrouvent excentrés dans une ville où eau et électricité ne sont pas aussi faciles d’accès qu’à Khartoum. Ils attendent des services que l’on ne trouve pas à Joba tels que les transports en commun ou pour les plus aisés, une vie culturelle, inexistants.
L’ONG action contre la faim pointe du doigt cette situation en termes de sécurité alimentaire. Ils sont des centaines à embarquer à Kosti au nord, accoster à Makalak au sud, et viennent bousculer la sociologie du territoire. Les réserves de nourriture consécutives à la récolte, ne seraient pas suffisantes pour nourrir tout le monde.
Des trésors cachés
Deux saisons des pluies permettent d’obtenir deux récoltes par an mais les terres sont sous-exploitées et le pays est aussi un des premiers producteurs mondiaux de gomme arabique.
En terme de ressources, les sols du Sud contiennent 85% de la production de pétrole de tout le Soudan, sans compter le mercure et l’or qui s’y trouvent aussi.
Tonton d’amérique
Les Etats-Unis ont aussi compris l’importance du Sud Soudan sur la balance économique, les USA accueillent d’ailleurs la seule ambassade du sud Soudan déjà existante sur leur territoire. Coupé du nord, cette zone est aujourd’hui coupée de la mer. Difficile, donc, de parler d’import-export… là aussi, les Américains pourraient proposer la solution en aidant à la construction d’un pipeline reliant Abiyé à l’Ethiopie afin de ne plus passer par la partie nord du Soudan d’où l’exportation se faisait par bateau.
L’accès au Sud Soudans est difficile d’autre part à cause de l’état des routes. La plupart des produits que l’on trouve à Joba sont importés depuis le Kenya, d’où les prix excessivement chers des denrées alimentaires.
Et si vous voulez en savoir plus sur le Sud Soudan au travers d’un vrai article où on parle d’économe, de PIB, d’import-export et de politique internationale avec plein de chiffres dedans pour faire croire que la journaliste, elle est intelligente, ben faut lire mon article de ce mois-ci dans Afrique Magazine qui vient de sortir !