Plusieurs candidats encartés UMP refusent de s’afficher sous cette étiquette de peur d’être assimilés à un pouvoir impopulaire. Pourtant, ils seront probablement comptés dans les scores nationaux de l’UMP au plan national. Tout dépendra de l’humeur de Claude Guéant. Grosse magouille en vue?
Claude Guéant n’est pas que ministre de la Police. En tant que ministre de l’Intérieur, il aura également en charge l’organisation des élections, cantonales d’abord, présidentielle ensuite. Dans ce cadre, il sera chargé d’annoncer les scores officiels au plan national. Ces chiffres auront une importance plus que capitale : ce sera le dernier scrutin au suffrage universel direct avant 2012 (il y aura également des sénatoriales à l’automne). Chaque parti devra donc montrer ses muscles avant l’élection suprême.
Sauf que les cantonales sont un scrutin local et à l’UMP, certains tiennent bien à le signaler. Pour preuve, comme lors des élections régionales, plusieurs candidats membres du Mouvement populaire, surtout des sortants, ont tout simplement fait disparaître le logo du parti de leur matériel de campagne. On peut dire que c’est leur droit et que cette initiative est même louable si des électeurs ont envie de voter pour l’entretien des routes ou l’équipement informatique des collèges et pas pour le bouclier fiscal ou la déchéance de nationalité.
Il y aura donc des candidats « Ensemble pour la Sarthe » ou « Union pour la Loire ». L’UMP rétorque que les socialistes feraient de même avec des intitulés à vocation locale. De son côté, LeFigaro.fr a noté que les candidats de gauche dans la Loire ou la Savoie avaient aussi pris une bannière de ce genre avec Loire ou Savoie « pour tous ». Les exemples choisis par nos confrères sont toutefois mal choisis, les Savoyards affichent quand même le logo du PS sur leur site. De même, les candidats de la Loire se revendiquent de la « gauche démocrate et socialiste » et annoncent même la venue de Martine Aubry à Saint-Etienne le 9 mars.
Dilemme
De plus, au moment de se déclarer en préfecture, nombre de candidats UMP sortants se sont déclarés tout simplement «
majorité départementale » à la préfecture, par exemple dans la Sarthe
ou dans l’Aveyron. Dans le Tarn (département à gauche), Olivier Brault, pourtant secrétaire
départemental de l’UMP, s’est déclaré « autres ». En
Ariège (département également à gauche), Gérald Sgobbo, pourtant soutenu par l’UMP, se revendique lui « sans étiquette ».
Au delà de la querelle sémantique, ce non-affichage va poser un problème politique. Des candidats membres de l’UMP, soutenus ne serait-ce que politiquement par l’UMP, mais ne se revendiquant pas de ce parti vont pourtant lui offrir leurs voix en plan national. En effet, le ministère de l’Intérieur effectue pour toutes le France un décompte des voix des candidats issus de tel ou tel parti quelque soit le nombre de cantons où le parti se présente. Il effectue pour cela un classement avec ses propres nuances à partir des étiquettes revendiquées par les candidats. D’où l’enjeu : une organisation politique pour pouvoir montrer ses muscles le dimanche soir aura donc besoin d’avoir beaucoup de candidats sous sa bannière pour gonfler ses scores. C’est ainsi que le Front national, comme l’a raconté Marianne2.fr, a remué ciel et terre pour atteindre le chiffre de 1 500 candidats.
Le ministère de l’Intérieur a trois catégories pour les mouvances de la droite et du centre : UMP, « Majorité présidentielle » et « divers droite ». Les dissidents ont donc l’embarras du choix. D’autant plus qu’en 2008, lors des précédentes cantonales, l’Intérieur avait retenu la nuance « Majorité-Nouveau Centre », un peu plus restrictive que « Majorité présidentielle ».
Ce qui pose donc un dilemme. Est-il normal que les candidats locaux puissent cacher que leur score pourra être récupéré par l’UMP au niveau national ? D’un autre côté, le ministère de l’Intérieur doit-il prendre en compte l’appartenance partisane de départ des candidats et les compter dans les voix UMP qu’ils s’en revendiquent ou non ou alors, pousser la démarche jusqu’au bout et compter à part, ceux qui souhaitent être à part ? Un beau casse-tête politique pour Claude Guéant.
Tefy Andriamanana pour Marianne2.fr