Oui, mais en ayant conscience que dans certains cas extrêmes d’anxiété, de vulnérabilité, de désorganisation mentale, ce ne le sera pas. Et cet apprentissage n’est ni de l’ordre de la volonté, ni de celui de l’intelligence. Selon moi, c’est de l’ordre de l’éducation à la sensorialité. Il s’agit d’apprendre à percevoir le réel sur un mode qui ne doit rien à la connaissance intellectuelle, en se branchant sur la multitude de perceptions auxquelles, en temps ordinaire, nous sommes fermés : la voix de nos interlocuteurs, leur respiration, leur odeur, leurs gestes.
En quoi cette attitude peut-elle m’aider à faire le deuil de l’homme de ma vie qui, lui, ne m’aime pas ? Ou me permettre d’accepter que mon enfant ne soit pas un futur énarque ?
Pour la psychanalyse, tant que nous n’avons pas découvert la cause véritable de nos difficultés, enfouie dans l’inconscient, lâcher prise est impossible. En tant qu’ancien psychanalyste, qu’en pensez-vous ?
Je pense que connaître avec précision la cause de nos symptômes est impossible. Et qu’essayer est inutile. Mais certaines personnes, avant de lâcher, de pouvoir dire : « Stop, je passe à autre chose », ont besoin de parler à un thérapeute, plusieurs fois par semaine, pendant des années parfois. Je n’ai rien à leur proposer. J’en suis conscient : plus j’avance, plus je sais qu’en ce domaine la modestie est nécessaire.
Source : Psychologies.com