Magazine Culture
Dans la pure tradition du film romanesque aux accents sentimentaux, le québécois François Girard (Le Violon Rouge) adapte le best-seller d’Alessandro Baricco et se paye le luxe d’un casting quatre étoiles : Michael Pitt (Last Days) en Hervé Joncour, chargé de se rendre au Japon pour y récolter les œufs nécessaires au commerce de la soie, forcé d’abandonner un temps Hélène, sa bien-aimée (Keira Knightley), frappé par un coup de cœur inattendu pour une fille du village (Sei Ashina). Le cinéaste ne commet aucun faux pas : beauté époustouflante des décors (enneigés, fleuris, japonais, italiens), délicatesse dans la peinture du couple, histoire d’amour et d’adultère, romantisme fin 19ème siècle, voyages et découvertes intérieurs, tout y est ; à mi-chemin entre la poésie filmée d’un Malick, et l’adaptation d’un roman de Jane Austen. Sans sombrer dans le pathos inhérent au genre (comme a pu le faire Campion sur son Bright Star), Girard se montre d’un raffinement soigné, prenant le temps pour installer et conduire son récit sans sacrifier son rythme, languissant, élégant, discret. Parfait pour illustrer le temps qui passe, les saisons qui s’écoulent, les jours qui se perdent. Maîtrisé, gracieux, au charme littéraire plein de pudeur, son œuvre est à classer aux côtés des The Duchess (Saul Dibb), Pride & Prejudice ou Atonement (Joe Wright)- autres œuvres subtiles et empreintes d’une tendresse infinie- dont l’actrice Keira Knightley semble être devenue l’égérie.