Je reprends les dégustations de thés... peu à peu, zhong après zhong. Je reprends peu à peu ces moments plus calmes, où l'esprit s'évade mieux. Quand je sors mes ustensiles, déjà je m'apaise. Oui certains gestes sont à faire, c'est assez régulièrement que je sors un livre sur le thé (ou le Japon, ou encore le bouddhisme). Alors oui je suis encore en train de réfléchir.
Mais quand les notes de dégustations sont prises, il me reste quelques gorgées à savourer... le plus souvent après une belle respiration lente... je me mets assise, les yeux fermés, et je respire... en comptant pendant l'expiration, puis pendant l'inspiration...
Le thé est alors presque frais mais bon et plein de saveurs.
Ce matin, c'est un BaoZhong imperial TO402 de Thés de Chine, un oolong peu fermenté de Taiïwan. Les feuilles sont entières, froissées et d'un beau bleu et vert/gris. Aucun débris mais je ne suis pas étonnée, cette maison de thé propose de très bons crus authentiques. L'odeur sèche est beurrée et comme une odeur de mirabelles bien mures.
Le goût de cette infusion jeune clair est très délicat, beurré avec un peu de fleurs blanches. La liqueur n'est pas astringente et pleine. Mais est-ce cet aspect fleurs blanches, limite tubéreuse, qui donne cette impression d'entêtement facile ?
J'avais eu la même impression avec un autre oolong de Taïwan, le Tung Ting Shan. Ici pas d'écœurement possible toutefois.
Et j'en profite un peu pour que mes pensées, qui ne s'arrêtent pas et prennent de l'ampleur (et même une forme de construction par écrit, recherche, lecture, action) en temps normal, fuient doucement, apparaissent et ne restent pas emmêlées mais coulent.
"Le maître bouddhiste japonais Taisen Deshimaru, qui a popularisé la pratique du zen en Europe à partir de la fin des années 1960, avait coutume de comparer l'esprit de chacun de nous à un verre d'eau boueuse. Il suffit, disait-il, de poser ce verre sur une table sans l'agiter pour que le liquide se décante: la boue tombe au fond du verre, l'eau s'éclaircit. La méditation, ajoutait-il, agit de la même manière: quand on cesse d'agiter notre esprit, les pensées lourdes se déposent au fond, et l'eau de la conscience se clarifie." (extrait de "Petit traité de vie intérieur" de Frédéric LENOIR)
D'ailleurs, je me repose un peu et je retourne dans cette lecture. Une très belle proposition alliant philosophies et religions (monothéistes et bouddhisme) qui amène de très belles réflexions spirituelles et je pense fait partie d'un livre à ne pas manquer si le surmenage, le non-sens de la vie, la peur, les idées noires arrivent. J'en reparlerais car ce livre mérite le détour.