Je viens de terminer la lecture du dernier ouvrage d’Hélé Béji paru chez Gallimard : « Islam pride : Derrière le voile ». D’Hélé Béji je connaissais, pour l’avoir lu il n’y a pas très longtemps : « Nous les décolonisés » paru en 2008 chez Arléa. De plus j’ai un peu mieux connu cet écrivain devenu mon« amie virtuelle » sur Facebook dans ces moments récents d’effervescence intellectuelle en Tunisie ou elle réside.Dans Islam Pride Hélé Béji analyse le phénomène du voile dont se revêtent de plus en plus de femmes dans les pays Européens et au Maghreb, à son grand désespoir. Mais au lieu de porter une condamnation et de militer pour une interdiction, elle essaie de manière approfondie de voir ce qu’il y a derrière le voile, ce que représente pour certaines femmes ce geste et ce livre, écrit dans un style magnifique contient un grand nombre de formules que je voudrais citer sans pouvoir le faire tant ces formules heureuses sont nombreuses.« Tout à l’heure, je posais une question à laquelle je ne trouvais pas de réponse. Pourquoi, disais-je, ces femmes se servent elles d’un symbole de servitude, tout en se voulant pourtant libres ? Je tente maintenant une réponse. Parce qu’elle vive la modernité comme une oppression. Et si la modernité, contre toute attente, est devenue oppressive, ou vécue comme telle, alors l’appel à la tradition résonne comme une libération. Le voile devient alors une riposte à la rudesse d’une société de concurrence, où se sont désarticulées les harmonies familiales, sans offrir à l’individu, homme ou femme, l’équilibre attendu. »Hélé Béji pense en tous cas, et je partage ce point de vue, que l’interdiction brutale du voile est contre productif. Des femmes voilées elle écrit ceci : » Si elles sont dans l’erreur, comme je le pense, toute condamnation de principe, tout anathème, toute mise au ban de la société, tout procès en sorcellerie- la rhétorique intolérante des journaux européens envers le voile islamique- les conforte davantage dans leur martyre, et les jette plus illuminées que jamais dans leur voie mystique. » et un peu avant « Légiférer contre la burqa ? L’interdire, elle seule, dans une société ultra permissive, qui regarde d’un œil blasé tous les débordements ? A quel titre poursuivre tel abus et pas tel autre ? »Hélé Béji ne tient donc pas le même discours que Wassila Tamzali également mon « amie virtuelle » sur Facebook danssa « Lettre d’Alger aux Européens désabusés » « même si toutes deux partagent la même aversion pour le voile. Hélè Béji compte plutôt sur la pédagogie et si elle appelle, notamment les tunisiennes à ne pas renoncer à ce que Bourguiba leur a apporté en 1956.C’est en tous cas un très bel essai à lire au moment ou entre en application en France la loi interdisant le port du voile dans l’espace public, loi dont chacun s’accorde à dire qu’elle seradifficile à faire respecter.