Reprise de "L'Illusion Conjugale", un des succès de l'an passé, à partir du 23 mars au Théâtre de l'Oeuvre, pour soixante représentations exceptionnelles. L'occasion de vous rediffuser la critique mise en ligne sur ce blog il y a 18 mois.
Jeanne et Maxime ont, d'un commun accord, décidé de s'avouer leurs infidélités passées et de remettre ainsi les compteurs de leur couple à zéro. Maxime reconnait 12 liaisons extra-conjugales à durée très limitée, sa femme "encaisse". Mais quand elle révèle n'avoir vécu de son côté qu'une seule aventure de neuf mois, c'en est trop, ou plutôt trop peu pour Maxime, et beaucoup trop long...
Tout se dire était peut-être une fausse bonne idée...
C'est ainsi que démarre "L'illusion Conjugale", d'Eric Assous, qui se donne au Théâtre de L'Oeuvre depuis le week end dernier, avec Isabelle Gélinas (Jeanne), Jean-Luc Moreau (Maxime) et José Paul (Claude, le meilleur ami du couple).
Autant le dire tout de suite, le premier tiers du spectacle nous a fait frémir... A quoi est-on venu assister exactement ? Si Isabelle Gélinas, juste, pétillante, touchante, subtile et toute en nuances trouve le ton juste dès le départ, le jeu de Jean-luc Moreau se situe, lui, dans le registre du boulevard pur ( à sa décharge, il sort à peine de deux ans du lourding "Chat Et Souris") et semble avoir du mal à jouer dans la même pièce tant le surjeu est évident.
Or, le texte d'Eric Assous n'est pas un boulevard. S'il ne lorgne pas du côté de Bergman et de ses très cérébrales "Scènes De La Vie Conjugale", l'auteur nous propose une comédie dramatique honnête, nettement au dessus de ce qu'il a pu produire jusqu'à présent ("Les Belles Soeurs", "Les Acteurs Sont Fatigués"...). Et Jean-Luc Moreau, bon comédien, bon metteur en scène, le sait... Il redresse donc la barre et nous permet enfin, au bout d'une petite demi-heure, d'entrer pleinement dans ces explications de couple, sonnant souvent juste, provoquant des rires réguliers, malgré quelques répliques et échanges à côté du propos.
Et José Paul (Claude), dans tout ça ?
Sans trop en dire, sachez que l'ami du couple, invité par Maxime à déjeuner, va se retrouver au coeur de ce conflit conjugal... L'acteur est, comme toujours, sobre et très juste.
Côté scénographie, enfin. Charlie Mangel a conçu un décor épuré qui, s'il n'a pas grand intérêt, possède le mérite de se faire oublier et de ne pas tomber dans les classiques du genre (salon bourgeois ultra réaliste et ultra chargé...).
On assiste donc, après avoir eu un peu peur (mais gageons que Jean-Luc Moreau saura ajuster le curseur), à un spectacle plaisant, simple, de bonne tenue, tant au niveau du texte que du jeu des comédiens (le trio fonctionne parfaitement), qui sans être la pièce de la rentrée se laissera regarder et applaudir sans difficulté, nous prouvant, s'il est besoin, que dans le couple comme ailleurs, on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeuf (l'affiche...).
Allez-y.