Petit retour aujourd’hui vers la Hollande avec un projet particulier faisant l’objet d’une réédition toute récente chez Minimal Wave, le label new-yorkais qui déterre pour le plus grand bonheur de nos oreilles toutes ces obscures formations (surtout européennes), pionnières de la pop synthétique du début des années 1980. Tear Apart Tapes fut à l’époque l’étiquette de disques personnelle de Danny Bosten, l’homme-orchestre derrière Das Ding, formation new wave expérimentale. À la fois musicien et producteur, la carrière de Bosten ne déroge pas aux règles du genre : une formation en arts visuels, trois albums de 1982 à 1985, un succès confidentiel… et une poignée de fans transis qui le poursuivent sur le net trente ans plus tard. Sur son obscur label, il enregistrait sa propre musique et celle de ses amis. Du pain béni pour Minimal Wave qui, après avoir réédité un album complet de Das Ding en 2008 (H.S.T.A.), poursuit le flambeau avec un 7″ intitulé simplement Tear Apart Tapes.
L’objet collector est court : trois titres, un de Das Ding (Standing In The Hall), un d’une intrigante formation nommée Les Yeux interdits (Prison) et enfin Kill Me de Lab 80, inédit que Bosten aurait enregistré à l’époque avec son frère. Le disque est déjà épuisé (!), mais la magie du net nous a également permis de mettre la main sur une cassette originale de Tear Apart Tapes comprenant quant à elle six chansons, trois de Das Ding et trois des Yeux interdits. La proposition est finalement peu ou prou la même, c’est-à-dire un son synthétique sobre… et sombre. On ressort les grands classiques : voix lointaines et désincarnées, sections rythmiques répétitives à l’extrême, mélopées funèbres martelées de notes hypnotiques. Bref, un cocktail que certains trouveront terriblement expérimental tandis que d’autres le jugeront particulièrement apte à certaines pistes de danse ! Si la musique déjantée de Das Ding évoque les très très arty Cabaret Voltaire (notamment sur l’étrange Signature avec son rythme improbable et ses folles réverbérations de voix multiples), Les Yeux interdits qui, comme leur nom ne l’indique pas, chantent en allemand, penchent davantage vers le dancefloor gothique.