(Source : Le Matin – Fabiano Citroni)
Maire socialiste de Genève, Sandrine Salerno se rend pour la première fois à cette manif. La féministe ne comprend pas «le mythe des hôtesses qui attirent le chaland».
Confidence étonnante de Sandrine Salerno : «Tous mes cauchemars sont liés à la voiture. Je rêve que je n’arrive pas à freiner et que je renverse un gars.» En même temps, dans la vraie vie, ça ne risque pas d’arriver: Madame la maire de Genève, 39 ans, ne conduit pas. «J’ai passé le permis pour véhicules automatiques avant mes 30 ans pour gagner un pari. Mais je n’ai pas touché une voiture depuis des années.» Les bagnoles, ce n’est donc pas vraiment son dada, à la socialiste. D’ailleurs, elle n’a jamais mis les pieds au Salon de l’auto. Mais aujourd’hui, elle n’y échappera pas. En sa qualité de maire, elle doit représenter la Ville lors de l’inauguration officielle.
Sandrine Salerno, lancer le Salon, plaisir, punition ou devoir ? A titre personnel, je n’ai aucun intérêt pour cette manifestation. Mais en tant que maire, j’y vais. Mon plaisir, c’est de savoir que je pourrai voir Micheline Calmy-Rey.
Vous auriez pu faire comme l’ancien maire Christian Ferrazino, antibagnoles notoire : boycotter la cérémonie d’ouverture. J’y ai songé, mais ça déclencherait une polémique inutile.
Le Salon est truffé d’hôtesses. En tant que féministe, qu’en pensez-vous ? Je ne comprends pas ce mythe des hôtesses qui attirent le chaland. Soit on est dans la caricature sexiste, la représentation de la femme-objet, soit on est dans l’insulte à l’amateur d’automobiles. Il serait un Néandertalien qui a besoin d’avoir de la chair pour s’intéresser à la voiture ? Je ne le pense pas.
Mais l’hôtesse fait partie du Salon, non ? Cela voudrait alors dire que la voiture n’est pas suffisamment intéressante. C’est ridicule. Si vous allez au Salon de l’agriculture, vous ne trouvez pas des hôtesses en minijupe et talons aiguilles prélassées sur des vaches.
Vous êtes fâchée ? Pas du tout. Mais on est au XXIe siècle. Je me demande ce que l’hôtesse vient faire dans cette manifestation. A quoi sert-elle? Si j’étais un mec, je viendrais voir les voitures, pas les femmes. Après tout, elles représentent peut-être une fantaisie pour les hommes en chaleur (rires).
Vous avez une fille de 5 ans et une de moins de 3 ans. Si elles décident, plus grandes, de gagner un peu d’argent en étant hôtesses, vous direz quoi ? J’ai du mal à me projeter. Si elles sont majeures, je respecterai leur choix. Si elles sont mineures, j’en discuterai avec leur père et avec elles. J’essaierai de leur faire comprendre qu’il faut avoir la capacité de se retrouver dans la peau d’une femme objet. Pour une jeune fille, ce n’est pas facile de subir des blagues un peu lourdes.
Le concept de femme-objet, vous le rejetez sans discussion ? Je n’ai pas de position dogmatique. J’ai un a priori sur l’usage du corps à des fins commerciales. Pour vendre un jean, par exemple. J’ai moins d’a priori sur l’usage du corps à des fins politiques ou idéologiques. Des femmes nues pour dénoncer le port de la fourrure, pourquoi pas. (…)