Un de mes amis français de Shanghai, Jack, est passionné de nature et d’excursions « survie ». Il a récemment proposé à mon conjoint et moi-même de prendre part à un séjour organisé par ses soins pour apprendre les bases de la survie. Je ne savais pas du tout à quoi cela rimait, et je ne m’attendais à rien.
Je suis donc partie quatre jours dans le Gansu, à l’ouest de la Chine, sans trop d’a-priori. Et c’était mieux comme cela. Si j’avais su en détails ce qui m’attendait, j’aurai peut-être réfléchi un peu trop…
Nous sommes donc partie vendredi matin de Shanghai, au programme:
- vendredi: arrivée à Lanzhou (capitale du Gansu), transport jusqu’à Xiahe, départ dans la nuit pour la randonnée et ascension de la première montagne. Nuit à 3.400 mètres d’altitude.
- samedi: randonnée à travers les montagnes de l’Amdo tibétain, de 8h à 17h environ. Rencontre inoubliable avec deux Tibétaines (j’y reviens en détails bientôt). Traversée de la prairie de Sangke (prairie d’eau et de glace). Retour en fin de journée à Xiahe.
- dimanche: matinée visite de Xiahe et son monastère / après-midi: route pour Lanzhou. Soirée détente avec massage à Lanzhou.
- lundi: visite de Lanzhou et départ pour Shanghai.
Comme vous pouvez le voir, ce sont surtout les deux premiers jours qui ont été riches en sensations fortes.
Riches en sensations fortes car nous avons randonné de nuit pendant trois heures, en température négative et en plein vent, sur un itinéraire qu’aucun de nous n’avait emprunté – Jack connaissait seulement la région dans son ensemble, pas dans ses détails. Car nous avons monté notre campement et dormi sous tente en très haute altitude. Car nous avons marché plus de 40 kilomètres et gravi plusieurs montagnes entre 3.000 et 3.500 mètres d’altitude. Car nous avions très peu de provisions avec nous. Car dans cette région rôdent des animaux en liberté, moutons, yacks, et peut-être des loups.
Ce fut une expérience très riche dans le développement personnel. J’ai du accepter de perdre le contrôle, chose qui m’arrive très rarement – si ce n’est jamais.
Entre autres questions dont aucune réponse ne pouvait me rassurer: « comment ça, Jack, tu n’a jamais emprunté ce chemin? » « comment ça on est à plus de 3.000 mètres? » « comment ça on marche en pleine nuit, en pleine montagne, sans savoir ce qui se cache devant, derrière, et à côté de cette montagne? « comment ça, on traverse, un puis deux ruisseaux pieds nus par -2°C? »…
J’ai du accepter de repousser mes limites, de mettre au placard mes instincts en alerte qui me disaient tous « mais que fais-tu ma bonne fille, à te mettre en danger pour RIEN? »
Car je pense que c’était la première fois de ma vie que j’ai accepté de me mettre en danger gratuitement. Certes les risques étaient limités, et surtout sous le contrôle de mon ami – doué d’un très bon sens d’orientation, d’un esprit d’équipe sans faille, et équipé entre autres d’une balise de détresse. Mais que c’est dur de lâcher le contrôle et de se confier totalement à un tiers…
J’ai vécu une expérience unique, qui nous a énormément rapproché tous les trois, et qui m’a aussi aidé dans mon éternelle quête de connaissance de moi-même.
Et en pratique, qu’ai-je retenu de cette expérience survie? De ce que je peux retranscrire ici, principalement, la règle de 3, excellent moyen mnémotechnique enseigné par Jack.
Nous ne pouvons vivre plus de:
- 3 secondes sans prêter attention où on pose son pied (règle qui m’a particulièrement tenue en alerte lors de notre ascension nocturne, je vous laisse imaginer…)
- 3 minutes sans oxygène
- 3 heures sans réguler sa température (au hasard, trop froid…)
- 3 jours sans eau
- 3 semaines sans nourriture
Je n’ai pas testé l’absence d’oxygène ou de nourriture, mais nous avons du gérer en permanence là où nous marchions, bien sûr, mais aussi notre température, et le manque d’eau… Le tout avec le mal de l’altitude et une superbe indisposition digestive (très mauvaise idée de manger pimenté la veille) en option !
Expérience inédite, intéressante et enrichissante pour mes prochains séjours en pleine nature.
Un grand merci à Jack, dont je vous invite à visiter le site, et à mon conjoint, dont le soutien moral aura été sans faille !
D’un œil plus voyageur, je vous parle très vite et en détails de ma rencontre avec le Tibet de l’Amdo et la région du Gansu…
Et en attendant, quelques images:
Dernier restau avant le départ
Paysage au saut de la tente
Les bêtes ne rodaient pas toutes…
Une des montagnes que nous avons gravies
Avec un magnifique paysage qui nous attendait de l’autre côté
Et les prairies de glace, de neige et d’eau…
Vous pouvez voir plus de photos, sur le blog de mon conjoint…