L'autre jour, forum sandwich à l'IRSEM : c'est pratique, ça commence à midi et demi, on a grignoté un sandwich à l'aller, on écoute un orateur intéressant et on se sauve à deux heures moins dix, juste à temps pour retourner à la mine.
Surtout quand J-Christophe Romer vient nous parler de la Russie ou, plus exactement du partenariat avec la Russie. Avec quelques idées marquantes.
1/ Tout d'abord, il y a une logique d'attraction-répulsion qui existe depuis deux siècles, mais il est assez logique que France et Russie s'accordent : ce sont en effet les deux "grandes" puissances aux deux extrémités du continent européen. Car il s'agit de contenir l'Allemagne. Et JCR de rappeler que le texte fondateur de la géopolitique de McKinder, en 1904, a justement pour but de contenir cette alliance russo-allemande : cela militait donc pour la triple entente....
2/ M. Romer évoque ensuite l'importance du contrat du BPC Mistral, qui n'est politiquement simple pour personne (et notamment pour les Russes, ce qui est rarement noté en France, car c'est un premier achat d'armement à l'étranger, ce qui signifie que le complexe militaro-industriel n'est pas capable de "tout" proposer....
3/ Une idée, celle de la lutte entre le transatlantisme et le paneuropéisme : l'orateur évoque la proposition D. Medvedev d'un traité paneuropéen, qui reprendrait en fait la charte d'Helsinki, pour en faire un traité, donc qq chose de juridiquement contraignant : ce dernier point révulse les États-Unis.
4/ Il ne faut pas exagérer la place de la France dans la politique russe : certes, elle a une place mais quand ils 'agit d'Europe, les Russes penseront d'abord à l'Allemagne.
5/ La Chine reste perçue,en Russie, comme l'ennemi héréditaire, ce qu'on n'aperçoit pas forcément à l'ouest. Primakov : la Russie doit marcher sur ses deux jambes, l'une en Europe, l'autre en Asie. Ne pas oublier que l'OCS (orga de Shanghai) a d'abord été le moyen pour la Chine de cesser de dénoncer les "traités illégaux du XIX° siècle" sur les frontières entre les deux pays. Bref, une normalisation.
6/ Le rapprochement russo-polonais est quelque chose d'incroyable, qui aura des conséquences certaines. la Pologne avait observé l'exemplarité de la réconciliation franco-allemande, la prochaine étape c'est la réconciliation russo-polonaise. La relance du triangle de Weimar (Paris Berlin Varsovie) et, en fait, sa transformation en quadrilatère incluant Moscou, consiste en fait à préparer la présidence polonaise de l'UE, au 2ème semestre 2011. Mais il va falloir qu'on cesse avec nos chamailleries franco-polonaises.
Jolie cueillette d'idées.....
O. Kempf