Destin de femme, au XVIIIème…
Une femme dotée d’une belle extraction, et au destin apparemment enviable ! Et pourtant…
Elle est en effet de la noble famille Spencer au départ. Et voit comme une chance d’être choisie par le Duc Cavendish du Devonshire comme épouse, alors qu’elle n’a pas encore dix-sept ans… Elle entre alors dans une sphère déroutante où son devoir compte avant tout et il est à la fois simple et arbitraire : donner un héritier au Duc… Un garçon, donc. Cela ne s’avèrera pas si facile, et ce qu’elle endurera ne l’empêchera pas de devenir une Duchesse très populaire, courageuse, aimée et faisant preuve de prises de positions audacieuses, tant sur le plan politique que personnel.
Tout ceci, je le sais car j’ai vu hier soir le film (dont vous avez un extrait ci-dessus), avec Keira Knightley, qui je dois dire, incarne très bien le personnage, avec grâce et fragilité. Passé le choc de voir Ralph Fiennes affublé d’une perruque ridicule (mais son personnage n’est guère aimable de toute manière), j’ai plutôt apprécié le portrait de cette femme au destin étonnant, qui pourrait être tragique si elle ne l’avait assumé de bout en bout (c’est du moins ce que montre le film, mais en consultant wikipédia, il semblerait que les faits n’aient pas été inventés).
On voit évidemment dès les premières minutes du film, le rôle de la femme au XVIII : celui de pondeuse ; bon, rien d’étonnant. L’extrait ci-dessus montre d’ailleurs qu’il faut s’y faire sans broncher. On voit aussi une autre épouse, mal mariée, battue par son mari et privée de ses enfants. Mais ce qui est intéressant, c’est de voir que Georgiana (la Duchesse), est, avant même d’être malheureuse, moderne : elle était passionnée par la mode et dessinait elle-même ses tenues, y voyant peut-être un moyen d’expression féminin, ce qui la rendit très influente sur le sujet, passionnée par le jeu, et férue de politique.
Voilà ce que l’on pourrait reprocher au film : ne pas avoir assez montré l’audace politique dont elle fit preuve en soutenant les Whigs, qui militaient en faveur d’un parlement fort au détriment de l’absolutisme royal. Le film préfère (mais il le fait bien), montrer son dilemme entre supporter les frasques humiliantes de son mari (il va jusqu’à loger dans leur propre château sa maîtresse) et s’abandonner à sa passion pour un autre homme. Mais l’amour pour ses enfants la forcera à faire bonne figure, ce qui est la triste conclusion à tant de courage et de qualités. La femme, au XVIIIème siècle (et encore pour un certain temps !), est à l’étroit dans son corset de conventions ; malgré ses efforts désespérés pour s’en défaire, les risques pris et les sacrifices faits, il ne lui reste généralement que cette option tiède et douloureuse, celle de faire bonne figure.