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ELECTRO-(POP). Et voilà….
Il y a, pour commencer, la rencontre ; souvent le meilleur instant, celui où l’on se dit que l’on a encore de longs moments de découvertes devant nous.
Ensuite il y a, comme pour les couples, une forme de lassitude qui s’installe, une impression de déjà vu. C’est la période que choisissent, certains leaders pour mourir d’une overdose, certains groupes pour splitter, et d’autres pour redonner une nouvelle direction à leur musique. Radiohead en était l’exemple même avec un tournant radical, une reconversion en trois ans et deux albums. Un changement annoncé par le titre du premier de ces deux opus : OK COMPUTER. Les Anglais passaient d’un punk rock pur à une électro pop bien à eux. La critique était unanime et saluait, en grande pompe, ces deux monuments de musique made in U.K.
Dix ans et cinq albums plus tard, la routine est revenue et tout le monde attend que Mister Yorke et ses amis réinventent un nouveau genre. Mais voilà, « no surprises » ! Ce ne sera pas pour cette fois.
Et la musique dans tout ça ?
Comme à son habitude le groupe n’a pas eu besoin d’une autre force de communication que la sienne pour annoncer la sortie de son bébé.
Début février les cinq millions de fans du groupe sur Facebook reçoivent un petit « post » les informant de la venue imminente de ce nouveau disque. Un lien (http://www.thekingoflimbs.com/DIEUR.htm) leur propose de le pré-réserver sous différents formats à choix, allant de 7 à 40 euros. Le jour même, le site est submergé et ne peut pas traiter toutes les demandes. Personne ne sait s’il s’agit vraiment d’une réussite marketing, mais en tous cas, l’information est passée.
Dans le silence, une fois l’album terminé, on se dit que la chanson qu’on attendait n’est toujours pas venue. Visiblement les Radiohead ont à nouveau fait ce qu’ils voulaient sans rien demander à personne : beaucoup d’explorations musicales voire de prototypages, d’effets des plus étranges.
Cet ouvrage n’a inévitablement pas le même goût sur toutes les installations hi-fi. Il ne laisse pas la place à la « simplicité », mais insiste plutôt avec des superpositions de couches et de boucles. La voix déchirée du leader vient poser un éclat de clarté dans ce tumulte électro. Ce style musical est difficilement accessible mais peut se révéler totalement envoûtant. Il n’y a pas non plus de place pour un single futur numéro un des charts, les Creep , Street Spirit et autres Karma Police ont été classés avec le best of en 2008. Lotus Flower a pourtant bien ce rôle de chanson phare. Mais on voit assez mal les étudiantes anglaises se déhancher de la sorte dans les clubs londoniens…quoique…
On pourrait s’y méprendre en raison du grand nombre de fans et de l’énorme renommée du groupe, mais la musique que produit actuellement Radiohead ne va pas plaire à tous, tant elle est énigmatique et singulière. Voilà peut-être la réelle réussite dans tout ça, être un groupe extrêmement populaire en produisant une musique qui ne l’est pas.