Le duc d’York (interprété par Colin Firth), quant à lui, accumule les handicaps : il bégaie, c’est un gaucher contrarié, maltraité par sa nourrice, humilié par son père, dans l’ombre d’un frère volage. Le réalisateur le montre mal à l’aise dans un coin du canapé, rarement au centre de l’image. Les drames shakespeariens évoquent une cour d’Angleterre où font rage des rivalités sanglantes. Le seul combat que doit mener le futur George VI, c’est un combat contre lui-même, en ne se considérant pas comme un homme de pouvoir (il en a si peu en réalité), mais comme celui qui va devoir se tenir au milieu de l’église, et de l’écran, et incarner les aspirations du peuple. Et lui, qui avoue connaître si peu le peuple anglais, va entrer dans chaque foyer au moyen de la radio, à l’époque où d’autres orateurs (Hitler, Staline) galvanisaient les foules avec des discours musclés lancés depuis une tribune surélevée.
Tandis que les politiques hésitent sur la conduite à tenir, que Baldwin laisse sa place de Premier Ministre à Chamberlain qui sera plus tard remplacé par Churchill, cet homme entre dans l’Histoire avec un discours annonçant aux Anglais que la guerre est imminente. Il n’a certes pas écrit son discours, mais c’est sa voix, cette voix qui fut empêchée pendant près de 40 ans, qui le porte à toutes les oreilles du royaume et du monde.