par Rachel Del Fante
Antoine Gratton et le groupe Neiges se sont produits dans un appartement, coin Papineau et Laurier, le samedi 26 février. Alors que des milliers de Montréalais se préparaient à célébrer la Nuit blanche, derrière une porte du Plateau-Mont-Royal, se déroulait le premier Concert secret d’une série de plusieurs.
La plupart des membres de Neiges se sont présentés en chaussettes. Ils étaient éclairés par cinq ou six lampes de table, posées sur des amplificateurs, afin de créer une ambiance chaleureuse. La scène était délimitée par l’arche d’un salon double. Installés comme dans une boîte à musique, les musiciens étaient encadrés par trois murs beiges. À l’opposé, se trouvait une trentaine de spectateurs, les fesses bien installer sur des divans ou sur un plancher de bois antique, chacun une bière à la main, achetée une heure plus tôt, au dépanneur du coin.
Neiges a donné une prestation aux allures acoustiques sans qu’elle ne le soit vraiment. Le piano et les guitares étaient légèrement amplifiés, alors que les voix harmonisées de Jean-François Malo et de Catherine Bergeron étaient livrées au naturel.
Avec modestie et dans la convivialité Neige a joué les pièces de leur premier démo Crève-cœur une après l’autre. Entre mes deux oreilles et Chocolat noir étaient entrecoupées de rires étouffés, sans doute produits par la proximité particulière des spectateurs. Les pièces les plus rythmées de leur répertoire comme Sans froid ou Les animaux résonnaient moins qu’en concert, mais cela laissant davantage place à la sensibilité et la légèreté des mélodies comme des textes. Le groupe, visiblement à l’aise, a livré une prestation charmante, dont l’authenticité était frappante.
De son côté, Antoine Gratton s’est présenté décontracté, simplement accompagné de son piano. La prestation de l’auteur, compositeur et interprète était visiblement improvisée, troquant davantage ses pièces pour celles des Beatles. Le public a d’ailleurs eu droit à un Dont let me down touchant. L’artiste s’est même trouvé à mélanger des fragments de ses mélodies aux morceaux Billie Jean (Micheal Jackson) et de Tell me more (Grease). Le musicien passait d’un titre à un autre sans s’arrêter.
D’une énergie contagieuse, Antoine Gratton a ensuite attaqué le piano avec ses propres compositions. Les spectateurs, visiblement charmés, ont levé leurs fesses engourdies et ont dansé jusqu’à l’épuisement.
Le parolier a terminé la soirée en apaisant l’atmosphère, laissant de côté le funk et le groove pour l’interprétation de sa pièce dans les yeux de Françoise, quittant le public sur un doux « au revoir ».