Denis Villeneuve n'aura pas gagné l'oscar du meilleur film étranger.
(Hého on avait été gâté avec Arcade Fire quand même!)
Mais il a gagné l'estime et le respect de la planète entière.
Je n'ai pas vu Incendies. Je n'ai plus le temps de me rendre au cinéma, le cinéma vient à moi sous la forme de films empruntés à la bibli ou au club vidéo. Et comme le film a maintenant une nouvelle vie grâce aux oscars le film n'est pas prêt d'atterir sur les tablettes des clubs vidéos.
J'ai hâte toutefois car la multiplications des bandes-annonces m'a déjà fait comprendre une grande partie du film . De longs bouts que j'aurais préféré découvrir en visionnant l'adaptation au cinéma de la pièce de Wajdi Mouawad.
Lors de la soirée des Oscars, il y a des milliards de regards de placés sur le soirée. Il y a majoritairement le pur fan. Fans que les Oscars veulent toujours rassembler davantage dans la zone de la cote d'écoute. Cette année pour ce faire ils ont choisi à l'animation dimanche dernier deux jeunes acteurs aimé de la tranche des 13-35 ans: James Franco et Anne Hattaway. Toutefois, ces deux jeunes talents étaient d'abord et avant tout des fans eux-même de tous ses gens qui défilaient sur scène. Ceci n'est pas un problème en soi, c'est même plutôt agréable de savoir qu'entre gens du métier on s'adule plus qu'on ne se jalouserait (à la caméra...). Mais ce qui m'a un peu agacé c'est que les deux jeunes acteurs/animateurs ont très très peu diverti. Ils ont à peine essayé. Donnant ainsi plus d'arguments encore à tous ceux qui jasent de jeunesse creuse, vide et peu inspirée. Personellement j'ai rûgi dans mon sous-sol au 7ème "WOOOOOOOOOH!" crié dans le micro par Anne Hattaway après avoir annoncé un(e) présentateur(trice).
Parmi les gens qui observent, si ce n'est pas la soirée, au moins les résultats, il y a les gens de l'industrie. Le monde du cinéma est comme les autres milieux, il contient sa large part de dépisteurs. De gens qui attendent de voir qui a la meilleure cote (en ce moment DiCaprio, Firth, Portman, Leo, Hattaway, Bale, Gyllenhall, Jolie, Pitt, Depp, Mirren). Ça fait parti du travail de tous de rester au fait des tendances actuelles.
Les gagnants de cette soirée, et je compte les nommés parmi les gagnants, ne serais-ce que par la soudaine visibilité de leur talent, seront par la suite solicité de toutes parts et pourront choisir plus librement de faire monter leur chèque de paie. Ou mieux encore, de créer là où ils en on vraiment envie sans se faire imposer des choix qui ne seraient pas les leurs.
Dans la catégorie du meilleur film étranger, la donne est quelque peu pernicieuse.
Pour être nommé, il faut avoir réalisé un film avec des intérêts dans la production majoritairement étrangers aux Étatsuniens. Un film jugé de qualité par un jury. Transmettant (comme tout film) une dimension culturelle propre à l'endroit où il a été tourné et digne d'intérêt international.
Les États-Unis, qui s'approprient les mots "Amérique", "justice" et "liberté" s'approprie aussi les oeuvres des autres. Si ils aiment un film étranger, bien souvent il le refont à leur manière. Toutefois les producteurs des États-Unis se gardent quelque fois une petite gêne en ce qui concerne les réalisateurs nommés aux Oscars. Ce qu'il feront à la place sera de leur offrir carte blanche pour un projet qui sera tourné avec des intérêts financiers provenant des États-Unis.
François Truffaut, Jean-Luc Godard, Federico Fellini, Ingmar Bergman, Alfred Hitchcock, Luis Bunuel, Roberto Benigni, Pedro Almodovar, Constantin Costa-Gavras, Volker Schlöndorff, Ang Lee, Gavin Hood et Florian von Donnermarck ont tous été nommés ou gagné des oscars. Ils ont aussi tous eu des offres pour tourner aux États-Unis que certains ont honoré, d'autres pas.
Truffaut aura préféré tourner de sa France adorée (Farenheit 451 a été tourné en Angleterre toutefois) se permettant une incursion comme comédien avec Spielberg en 1976.
Godard a tourné deux films chez l'oncle Sam. Son meilleur (mon préféré en tout cas) en 1962 et une expérience ratée en 1986 à New York.
Certains ont résisté à l'appel des sirènes. Fellini et Benigni en Italie. Bergman, en Suède. Bunuel en France. Almodovar en Espagne.
Hitchcock a pour sa part carrément déménagé aux États-Unis pour poursuivre sa carrière avec un énorme succès. Imaginez, ses trois premiers films tournés aux États-Unis allait être Vertigo, North By Northwest et Psycho. Trois incontournables du maitre du suspense.
C'est que les États-Unis ont de moyens. On peut comprendre l'attrait d'un réalisateur d'Argentine, de Cuba ou du Québec ou de n'importe ou où avoir des sous pour un film est difficile, qui aurait bûché pendant des années sur un film, sur plusieurs films, qui aurait couru après de l'argent des fois pendant toute sa vie, car c'est beaucoup (trop) ça la production cinématographique: courir après des sous; et qui soudain se ferait offrir un pont d'or.
Dur de ne pas être séduit.
Mais des fois il vaut la peine de sacrifier les moyens pour sauvegarder l'intégrité de son oeuvre.
Si les expériences de Costa-Gavras et Ang Lee ont été plus que bonnes, celles de Gavin Hood, Tom Tykwer et Florian Henckel von Donnersmarck ont fait patate.
Et ce après avoir fait des films remarquables.
Hood dans le court-métrage (oscarisé), et Von Donnermarck dans le film (oscarisé).
Quel sera le prochain projet de Denis Villeneuve?
On ne sait trop.
Mais il aura carte blanche ça c'est sur.
Blanc comme un désert de sel de Salt Lake City...
;)