Ce film n'intéressera que les plus fanas de la politique, et sans doute pour cette raison (?) n'est-il distribué que dans trois salles à Paris. Pourtant, en le visionnant, on apprend plein de choses sur la nature humaine, à défaut de connaître la vérité. Il prouve en tous cas que notre pays dispose d'une justice libre, même si elle n'est pas toujours parfaite, et qu'un délit n'est constitué qu'à partir du moment où il est précisément défini dans le Code Pénal.
N’attendez pas de moi que je vous livre mon interprétation de cette ténébreuse affaire, qui nous a tenus en haleine pendant plusieurs mois et qui a fait l’objet d’un jugement en première instance, puis repassera en appel à partir du 11 mai prochain. On ne commente pas une décision de justice.
Je vous dirai seulement que j’ai adoré les qualités du film : sa clarté, son humour, le découpage et le titrage des séquences, les commentaires « off », les vues des protagonistes au Palais de Justice, la haie de micros et le siège des journalistes, la pression palpable sur les avocats, pourtant tous des ténors du barreau, les regards perdus des prévenus au sortir de la salle d’audience, les commentaires donnés par deux personnes qui représentent à mes yeux le « chœur antique ». Une mention particulière pour les croquis d’audience, qui nos font vivre les attitudes des uns et des autres.
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Dans une certaine mesure, chacun ment, soit sciemment, soit par omission, soit pour protéger l’autorité supérieure. Même le Général, statue du Commandeur attrait à la barre, renâclera devant la raison d’Etat et gardera une partie de ce qu’il sait pour lui, au risque d'y laisser des plumes.

Juste quelques semaines avant le procès en appel, le film est d’une redoutable efficacité, même s’il ne restitue pas l’ambiance de guerre civile qui régnait à l’époque pour la prise de pouvoir au niveau du parti majoritaire, puis de la Présidence de la République.
En tous cas, pour notre part, nous comprenons mieux ce qui s'est vraisemblablement passé. Mon étonnement reste entier sur le fait qu’un tel ouvrage soit possible, et qu'il ait trouvé le financement nécessaire. Vive la liberté de la Presse et de l’expression. Et attendons le deuxièle round !