La filière du photovoltaïque était déjà à l'agonie depuis la divulgation du moratoire qui, depuis trois mois, l'empêchait de travailler des installations supérieures à 3 kwc. Elle risque de subir le coup de grâce dans les jours ou les semaines à venir.
Alors que le Grenelle de l'environnement visait, entre autres, à promouvoir les énergies renouvelables, le succès du développement de la filière a fortement perturbé les plans du gouvernement. A coup de sabre, tour à tour, sur le crédit d'impôt pour le particulier et par la décision du moratoire pour les grandes installations solaires, le projet d’arrêté tarifaire pour le marché photovoltaïque a été révélé dès hier soir par le SER et devrait être discuté aujourd'hui par le Conseil Supérieur de l’Energie.
Sauf remaniement peu probable de dernière minute, les professionnels du secteur estiment que la filière va à la mort imminente. Dans un communiqué, le Syndicat des Energies Renouvelables rappelle "Dans quinze jours au plus tard, si rien ne change, 25 000 emplois, créés dans la foulée d’une rupture écologique et économique majeure – le Grenelle de l’Environnement - seront mis en péril, plusieurs milliers seront supprimés à très court terme."
Le prétexte de l'augmentation de la CSPE pour le consommateur ne tient pas. Dans le Globalmag diffusé par Arte TV il ya quelques jours, on apprenait ainsi que la contribution de la population au développement de l'énergie photovoltaïque ne représentait que 3 ou 4 euros par an par foyer.
Certes, pour éviter les dérives, il est probablement nécessaire d'encadrer et réguler le développement de la filière photovoltaïque, mais à quel prix ?! 25 000 chômeurs supplémentaires, des dépôts de bilan par milliers, la part belle aux centrales nucléaires, etc.... Si revenir au temps des bougies pour préserver l'environnement risque d'être difficile, il n'empêche que, lorsque la technologie est au point pour produire de l'énergie propre (et c'est le cas du photovoltaïque), pourquoi s'en priver ?! On peut se demander quand même si le jeu n'en vaut pas la chandelle !
Depuis quelques années, on nous fait la leçon sur l'importance de l'accès à la diversification et l'autonomie énergétique (ce n'est pas la hausse du baril de pétrole qui nous contredira), mais pour une fois qu'on dispose d'une solution responsable vis à vis de l'environnement, elle est remise en cause.
La diminution de 20 % des tarifs d'achats dans un premier temps ne sera pas le seul préjudice supporté par la filière photovoltaïque. En effet, en fonction du volume des projets installés en France (sur la base d'un trimestre), le tarif d'achat pourra être diminué encore de près de 10 % pour réguler le marché. En d'autres termes, si on a trop recours à l'énergie solaire photovoltaïque, on plombera le tarif d'achat.
Les dispositifs de Bonus Malus dans l'automobile visaient à récompenser les voitures les moins polluantes. Je n'évoque même pas les autres appuis financiers de l'Etat pour sauver l'automobile de la crise (faut dire qu'ils en avaient besoin aussi).
Avec les nouveaux dispositifs pour la filière photovoltaïque, c'est le contrepied qui est pris : Moins tu pollues... et moins tu gagnes !!!