Vous êtes romancière et scénariste, « Tu vas rire mais je te quitte ! » et « Tu peux garder un secret ? » ont été adaptés au cinéma. Racontez-nous ces aventures ? Vos moments forts ?
C’est une chance, un peu le casino aussi. Quand une histoire est construite, visuelle, les producteurs se disent : « On pourrait en faire un film ! ». Après, toutes sortes de paramètres entrent en jeu : un ou plusieurs scénaristes sont engagés pour l’adapter, un réalisateur va se l’approprier, des acteurs vont l’interpréter… Au final, le résultat peut être surprenant, éloigné du roman. Ce que vous avez imaginé, seule derrière votre ordinateur, subitement, cent cinquante personnes travaillent dessus. Chacune apporte sa vision des choses : on peut être folle de joie, comme déçue. Des moments passionnants. On ne s’est pas entretués ni avec Philippe Harel qui a adapté : « Tu vas rire mais je te quitte ! » ni avec Alexandre Arcady qui a adapté : « Tu peux garder un secret ? » J’ai aimé les regarder travailler, voir comment se monte un film, un parcours du combattant….
Comme dans un film noir est aussi un scénario. L’avez-vous écrit dans l’optique qu’il soit porté à l’écran ?Il ne faut surtout pas que j’y pense, sinon, j’écrirai un scénario, à la limite, c’est moins long. Quand j’invente une histoire, que ce soit un roman ou un téléfilm, je fais en sorte qu’elle soit construite, c’est tout. J’ai du mal à digérer les livres où il ne se passe rien.
Comment vous est venue l’idée de créer ce polar« de femmes », à la Simenon ?
« Comme dans un film noir » n’a pas été simple à faire : on a le point de vue de Carole, la victime, et celui du commandant de la Crime qui fait l’enquête. Il fallait que les deux se rejoignent à la fin. Je voulais parler de la vengeance, un thème que je n’avais jamais abordé. Je voulais que la comédie se mêle au polar, qu’il y ait des dialogues comiques. Quand Carole revit les scènes de son passé, certaines sont drôles : on découvre sa mauvaise foi. Elle réalise que tous ses amis avaient une bonne raison de la poignarder…ça la démoralise un peu…
Vous mettez en scène trois sœurs, comment voyez-vous les liens entre ces femmes que tout oppose? Le thème des trois sœurs est inépuisable. Il y a toujours une dominante et une que l’on veut protéger, malgré elle. Toujours une forme de compétition : qui a le meilleur mari ? La plus belle maison ? Mes enfants sont-ils plus beaux, plus intelligents que leurs cousins ? Qui à la plus belle vie ? Elles ne peuvent pas s’empêcher de se comparer. Je ne sais pas si j’aurais adoré avoir deux sœurs : la jalousie demande une énergie que je n’ai pas. Je n’ai qu’un frère (cinq ans d’écart), mon complice. Je l’appelle presque tous les soirs et j’ai au minimum trois fous rires avec lui. Je vois moins ça avec les filles entre elles… Vous êtes-vous renseignée sur le travail d’un commandant à la Brigade criminelle ?Oh oui ! Le livre a été « relu » par plusieurs flics. Rien n’est plus compliqué que la procédure judiciaire en France. Même si je m’autorise des moments de comédie, voire de paranormal, je voulais que tout ce qui concerne l’enquête soit réel, concret, solide. C’est le fil conducteur de l’histoire. Qui a fait quoi et pourquoi ? Il fallait retranscrire leur réunion à la Crime, (ils sont six par équipe), comment ils réfléchissent, comment ils avancent et ce qu’ils ressentent quand ils constatent qu’ils ont tiré le fil de la bonne pelote… Bâtissez-vous un plan méthodique ? Quelle est la part de l’improvisation ? Vous êtes-vous inspirée de votre vie, de