Scénariste : Charles Berberian
Dessinateur : Christophe Gaultier
Parution : Janvier 2011
Mon avis d’aujourd’hui porte sur « Tombé du ciel – Première partie ». Cet album de bande dessinéeest un ouvrage édité chez Futuropolis. Le format est un petit peu inférieur à celui d’une feuille A4. Il est composé de plus d’une centaine de pages dessinées en noir et blanc. Paru en janvier dernier, il est vendu au prix de vingt euros. Sa couverture fait apparaître le visage d’un œil reflété dans l’œil d’un extra-terrestre rouge, le tout sur un fond bleu marine. Mais ce n’est pas cette curieuse image qui a attiré mon regard sur cet opus. En effet, c’est la présence de Charles Berberian au scénario qui m’a incité à m’offrir cet ouvrage. « Monsieur Jean », « Bienvenue à Boboland » ou encore « Un peu avant la fortune » sont tous des concentrés de bonheur. Je ne pouvais donc pas passer à côté du nouveau récit de cet auteur de talent. Pour les dessins, il s’est associé à Christophe Gaultier qui m’était jusqu’alors inconnu.
L’histoire commence par un souvenir datant de 1982 quelque part en Bretagne. Emile est le leader d’un groupe de rock. Il est sur scène lors d’un festival musical. Mais le blanc total, il n’arrive pas à jouer une seule note. Le rêve d’être découvert et de faire carrière disparaît avec ce trou noir… On redécouvre alors Emile trente plus tard. Il est papa d’un petit garçon et séparé de sa femme. Il est obligé de vivre chez ses ex-beaux-parents. Il travaille dans une agence immobilière sous le joug d’un patron peu affable. Mais sa vie va changer de cap quand il rencontre un extra-terrestre tout droit tombé du ciel et dont on a du mal à saisir les tenants et les aboutissants…
Cet album reprend des thèmes classiques de l’humanité. On retrouve un homme qui a rêvé une vie et qui doit se contenter d’un quotidien morne et sans grand intérêt. Il possède toutes les caractéristiques du looser transparent. Sa rencontre avec cet alien lui donne l’occasion de faire à nouveau briller la flamme qui est en lui. Cette trame apparaît régulièrement dans les bandes dessinées mais également dans la littérature et le cinéma. Le plaisir naitra donc de la manière dont l’histoire nous est contée. Il dépend également de l’empathie que dégage le personnage.
Le fait que le scénario naisse de l’imagination de Berberian est à mes yeux un gage de qualité. Il a un talent inouï pour conter le quotidien des gens qu’il soit banal ou extraordinaire. Dès les premières pages, Emile nous est sympathique, on est curieux de savoir ce qu’il fait de sa vie. Le fait d’avoir déjà vécu dans les premières pages son horrible blanc musical fait qu’on ressent une forme compassion à son égard. La lecture est agréable. On est souvent amené à sourire aux maladresses du héros. Tout cela nous touche également bien souvent. Les personnages secondaires sont bien construits et font qu’on n’a aucun mal à s’immerger dans la vie de ce village. Evidemment, la trame prend une autre ampleur quand après le premier quart de l’album apparaît un visiteur qui semble tout droit sortir de la zone 51.
Comme dit précédemment, les personnages sont réussis. Le personnage d’Emile fait un personnage principal tout à fait acceptable. Le fait qu’il soit « Monsieur tout le monde » fait qu’on se plonge à ses côtés sans difficulté. On est avec lui dans cette épreuve que semble lui imposer la vie. Tyrannisé par son patron, séparé de sa femme, incapable de se payer un logement, soupçonné par la police, il doit en plus gérer un extra-terrestre venu d’on ne sait où ! Mais les autres protagonistes bien que très en retrait du héros apportent également leur éco à l’histoire. Que ce soit ses beaux-parents, son patron, les policiers et plein d’autres, tous participent à habiller l’univers de l’histoire.
L’atmosphère de lecture est assez intéressante. Notre curiosité est sollicitée au fur et à mesure que les pages avancent. On se demande où les auteurs veulent nous mener. On partage les angoisses et les interrogations du héros. Tout cela fait que cet ouvrage se lit d’une seule traite malgré sa relative longueur. L’intensité narrative a tendance à s’accélérer dans la deuxième partie de l’album. Mais parallèlement, je trouve que la narration devient légèrement brouillonne au même moment. Certes, l’histoire ne se termine pas à la fin de cet opus mais ce ne m’empêche de pas de ressentir un léger sentiment de confusion une fois l’ouvrage terminé. Je suis d’ailleurs très curieux de connaître la suite car les dernières pages suscitent beaucoup d’interrogations.
Concernant les dessins, j’ai pris énormément de plaisir à les découvrir. Le style de Gaultier est assez particulier. On a le sentiment de découvrir un crayonné noir et blanc. On n’a aucun mal à s’immerger dans son univers. Sa manière originale de dessiner les personnages est très intéressante. Il arrive à leur faire dégager beaucoup d’émotions. De plus l’atmosphère particulière qui accompagne l’histoire doit énormément aux coups de crayon du dessinateur. Je suis ravi de m’être offert cet ouvrage ne serait-ce que pour découvrir ce nouveau talent.
En conclusion, « Tombé du ciel – Première partie » est plutôt réussie. Je l’ai lu d’une traite et le lirai une nouvelle fois avec grand plaisir. L’empathie ressentie pour Emile fait qu’on est toujours curieux de savoir ce que cache la page suivante. Néanmoins, le rôle du « visiteur » m’intrigue. J’ai peur qu’il fasse disparaître l’ambiance dégagée par la première partie de l’ouvrage. Je suis donc curieux de voir ce que donnera la suite. Il ne me reste plus qu’à attendre. En attendant, je vous conseille vivement d’aller rencontrer Emile et celui qui est tombé du ciel…
par Eric the Tiger
Note : 13/20