Et voilà, il suffit que je m'absente une seule petite semaine, loin de tout, et surtout du monde de la mode, pour qu'il se passe l'évènement de l'année dans le monde de la mode : la suspension de Galliano de son poste de Directeur Artistique chez Dior.
Alors pour toutes celles qui, comme moi n'ont pas tout suivi, on va récapituler...
Autour du 25 février, dans le quartier du marais, John Galliano aurait proféré des propos antisémites.
Alors, moi, quand je lis ça, première réaction : présomption d'innocence !
Quand je lisais les comptes rendus de la presse, j'avais l'impression que tous les journalistes étaient prêts à enterrer ce créateur de génie. D'ailleurs, il n'y a pas qu'eux puisque, au final, la Maison Dior a décidé de suspendre les activités de son Directeur Artistique. Les raisons invoquées pour cette suspension est la volonté des dirigeants de la Maison parisienne de se dissocier des caractères antisémites. On peut supposer qu'il s'agit bien plus d'une décision économique pour éviter tout dommage envers la marque qui pourrait affecter ses ventes. Il s'agit cependant d'une suspension... Cette suspension tombe d'autant plus mal que la Fashion Week parisienne a commencé.
Aujourd'hui, on pouvait lire dans certains articles que les témoins présents sur la scène ont révélé qu'ils n'ont pas entendu les propos mis en cause.
A la suite de cette affaire, les avocats de John Galliano ont porté plainte pour diffamation. L'affaire est en cours mais il est fort à parier que s'il est prouvé que les propos antisémites n'ont pas été proférés, la personne ayant porté plainte aura fort à payer, ne serait-ce qu'en dommages-intérêts.
Parallèlement, ayant entendu parlé de l'affaire, on se retrouve avec un deuxième "honnête" citoyen qui porte plainte pour des propos à caractères racistes portés par notre British adoré il y aurait quelques temps de cela. Je n'ai pas envie de remettre en doute la "bonne parole" proférée par l'honnête citoyen. Cependant, j'ai toujours un doute quand une personne se présente opportunément pour ce genre d'histoire. J'ai plus tendance à croire qu'il s'agit de rechercher un moment de gloire et je trouve cela déplacer.
Est-ce que la Maison Dior peut licencier John Galliano en l'état actuel des choses ? Les propos raciaux et antisémites sont certes une faute, mais ils ne constituent pas une faute grave justifiant à eux seuls un licenciement. Cependant, les intérêts économiques étant forts, on peut se douter que Dior, ainsi que sa maison mère LVMH, aura tendance à pousser son Directeur Artistique vers la porte de sortie, comme ce fut le cas pour Yves Saint Laurent (remarquer, à la suite de son licenciement, Yves-Saint-Laurent a eu la bonne idée de fonder sa propre Maison avec Pierre Bergé, et ce fut plutôt une bonne chose). S'en suivront alors des procès longs et fastidieux devant les tribunaux prud'homaux pour savoir si la Maison Dior avait le droit ou non de licencier John Galliano... mais nous n'en sommes même pas encore là, cela reste du domaine hypothétique.
Est-ce véritablement dans l'intérêt de la Maison Dior de licencier John Galliano ? Depuis son arrivée au poste de Directeur Artistique, John Galliano a su donner un nouveau souffle à la Maison de Couture parisienne, cela s'étant démontré encore une fois lors des derniers défilés Haute Couture pour la Collection Printemps-Eté 2011 inspiré des dessins de Gruau, véritable bijou de création. De plus, John Galliano fait parti, non seulement des talents les plus prometteurs de sa génération, mais en plus, il compte parmi les créateurs les plus influents de ce siècle. L'affaire apparaît d'autant plus risible lorsqu'on sait qu'il est à l'origine de brassages culturels et ce, depuis ses tous premiers défilés.
Si la Maison Dior décidait, à la suite de cette affaire, de licencier John Galliano, elle perdrait bien plus qu'elle n'y gagnerait, son image devenant quelque peu écorchée. Celui qui ressortirait ,en revanche, gagnant de tout cet imbroglio commencé par un "il-a-dit-que-pendant-qu'il-était-bourré" (la personne en face devant l'être aussi certainement quelque peu), serait John Galliano perçu alors comme le génie bafoué et incompris mais ô combien talentueux.
Si je peux donner mon point de vu (comme si je ne le faisais pas déjà depuis le début de cet article), je pense qu'il va falloir attendre que tous les fils de cette pelote soient tirés pour, enfin, tirer les réelles conséquences de cette affaire. En attendant, le monde de la Mode retient son souffle en attendant de voir si John Galliano décide de sauter ou d'être poussé, l'abîme n'étant pas très loin (et d'autres créateurs aux dents longues attendant derrière couteaux tirés et crayons à la main).
Qui vivra, verra. A suivre...
Edit :
Quelques heures après avoir publié cet article, j'ai pu lire ICI que la Maison Dior s'était définitivement séparée de John Galliano. Cela est dû à une vidéo diffusée sur le net où l'on voyait le créateur proféré un "I Love Hitler". Les conséquences de ce licenciement ont d'autant plus d'impact que nous démarrons la semaine de la Fashion Week parisienne. Que se passera-t-il pour le défilé Dior prévu ? Sera-t-il annulé ? Personnellement, je pense que de tels propose tenaient plus d'une inhibition due à l'alcool d'une véritable adoration pour Hitler, à l'origine du massacre des Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. Je rappelle que tous propos tirés de leurs contextes n'ont pas pour autant la même signification. J'espère sincèrement que le voile sera enfin tiré sur toute cette affaire et que John Galliano s'en sortira...