Alors que les différents médias rendent un hommage appuyé à Gainsbourg, je ressens une joie intérieure face à ce déferlement... Emissions, films, disques trouvés dans « les tiroirs », rééditions...
J’ai commencé à aimer Gainsbourg en 1977 précisément, à une époque où il était souvent mal perçu. J’aimais en lui non seulement le musicien mais aussi le poéte, l’artisan des mots. Et à chaque fois qu’en face de moi on ironisait : « l’ami caouette » ou « sea, sex and sun », tu appelles ça de la poésie, j’opposais les deux albums concepts : « L’Homme à la tête de chou » et « Histoire de Mélody Nelson ».
Et c’est apparemment ces deux albums qui forcent aujourd’hui le respect dans l’œuvre de Gainsbourg. En 2001, j’ai voulu rendre un hommage personnel à cet artiste hors norme à l’époque où, dans le cadre de mon atelier d’écriture et de théâtre, je choisissais de mettre en scène les « œuvres » d’auteurs-carrefours. Serge en était un, à la confluence de Nabokov, Lautréamont, lewis Caroll et Baudelaire.
La pièce s’est appelée « l’Homme à la tête de chou et au cœur d’artichaut », elle n’a pas été éditée pour cause de droits d’auteur, elle a été jouée trois fois en quinze jours et a remporté un vif succès dans les campagnes loudéaciennes. Depuis, elle est « dans les cartons » et sur « you tube », morcelée... Le son n’est pas bon, mais on en perçoit la folle ambiance et la jubilation de la troupe à jouer des textes violents, humoristiques, érotiques, oniriques et souvent décapants réinjectés au hasard des répliques et du scénario, dans le discours de personnages inattendus. C’est déjà beaucoup.