PAR BERNARD VASSOR
La rue au XIIéme siècle s'appelait de l'Aiguillerie dans sa partie est, rue de la Lamperie dans la partie ouest, plus tard rue de la Buffetterie, puis sous Louis XIII, la rue de la Pourpointerie. Pourtant, c'est sous Philippe Auguste que des prêteurs sur gage venus d'Italie, de Gênes, Venise,Pise, Florence, ou Sienne, Ils furent désignés par la population sous le npm de Lombards. Le père de Boccace faisait partie de cette corporation (l'auteur du Décameron son fils, était né à Paris par hasard à Paris selon le marquis de Rochegude), il avait pignon sur rue. Le nom de rue des Lombards apparait vers 1650, alors que les habitants de Paris lui donnaient déjà depuis plus de deux siècles. L'hospice Sainte- Catherine était situé à l'angle de la rue Saint-Denis et servait d'asile aux bonnes sans place. Les religieuses catherinettes étaient également chargées d'enterrer tous les morts exposés à la morgue du Châtelet qui n'avaient pas été réclamés... La rue avait au début du règne de Louis XIV "Le-Poids-du-Roi" juré-peseur que nommait les épiciers et les apothicaires qui étaient chargés de vérifier les poids et mesures, les poinçons, les étalons d'usage légal.
Voici une liste d'enseignes visibles au début du XVIIIéme siècle. Rappelons que la numérotation des rues de Paris n'est apparu dans sa forme actuelle qu'à partir de 1804. Nous constatons que contrairement à ce qui est dit par des historiens du XIXéme, le "Poids-du-Roi ne se trouvait pas à l'emplacement du Mortier d'Or. Quelques noms de prêteurs "Lombards", monayeurs, changeurs du XIIIéme au XVIéme : Perruzzi, Bardi, Spini, Scali, Biccio, Lusciato (mouche)Ciapponi, Boccacio (Boccace), Spifame etc.. Le numéro 44 de la rue, est occupé aujourd'hui par une échoppe de tatoueur et de"body-percing". ................ Un extrait de "Les Français peints par eux-mêmes" en 1841 : "SI l’on disait à l’autre bout du monde qu’il y a une rue où tous les produits du globe se rencontrent, s’échelonnent, se superposent ; une rue dont les trois continents et les mers qui les embrassent, les entrailles de la terre et sa surface, tous les ordres de la nature et quelques autres encore ont fait les frais, où ils ont déposé des échantillons, cette rue paraîtrait fabuleuse, idéale, impossible, comme le vaisseau aimanté, le sphinx, l’onyx, la licorne et le physétère : cette rue existe, cette rue personne ne la connaît, et tout le monde s’en est servi sous la forme d’un bonbon ou d’une infusion théiforme ; tout le monde y est entré, et personne n’en est sorti sans avoir été tenté par quelque produit du Chat noir* ou du Berger plus ou moins fidèle. Parlez, que vous faut-il, une mine d’or ou d’asphalte ? la voici ; des coraux ? en voilà ; de la réglisse ? vous êtes servi ; des aérolithes ? on va vous en procurer ; du chocolat ? c’est le pays ; une momie ? elle repose dans un bocal ; la pierre philosophale ? vous l’aurez. Nicolas Flamel s’était établi dans le voisinage de la rue des Lombards ; mais sa recette consistait à prêter à la petite semaine à tous les épiciers-droguistes de son quartier, moyennant quoi maître Nicolas était censé faire de l’or, et faisait du bien à sa paroisse. Il fit bâtir le portail de Saint-Jacques-la-Boucherie avec un or usuraire ; néanmoins il y fut enterré avec les honneurs dus à une âme charitable et chrétienne. La rue des Lombards doit, ainsi que chacun sait, son nom aux marchands lombards qui posèrent là leurs pénates, à la suite de plusieurs émigrations qu’il serait trop long de raconter ici. Ils s’établirent sous des emblèmes pieux, à l’Image de Notre-Dame, à Saint Christophe, à l’Image de Dieu, quoiqu’au fond... de leurs boutiques, ils n’eussent pas plus de conscience que des mécréants. Depuis cette époque, la rue des Lombards est restée ce qu’elle était, c’est-à-dire la plus commerçante, la plus tumultueuse et la plus encombrée de Paris. Elle marque au bout de la rue Saint-Denis et dans le voisinage des halles un point central où convergent tous les intérêts, toutes les marchandises et tous les soins matériels de la grande cité. Vous trouverez dans la rue des Lombards les mêmes enseignes, les mêmes produits et les mêmes infatigables travailleurs qui s’y sont succédé depuis plusieurs siècles. C’est une rue traditionnelle par excellence, et les dynasties qui sont en possession de ce fief industriel et commercial s’y sont conservées sans altération jusqu’à nos jours. C’est que, de toutes les royautés, la plus solide est celle du comptoir." ANDRÉAS (18..-18..) : La rue des Lombards (1841). Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (29.VI.2010)
Texte relu par : A. Guézou
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http://www.bmlisieux.com/ * Le Chat Noir ne se trouvait pas rue des Lombards, mais dans une rue parrallèle, rue Troussevache, aujourd'hui rue de la Reynie. Une partie des bas reliefs que l'on peut voire encore aujourd'hui, a été conservée et replacée sur la boutique reconstruite sur le trottoir d'en face, où est né Eugène Scribe, d'après une information que m'a communiquée Jean-Claude Yon. http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2009/02/...