Disons le tout net, je suis très déçu

Publié le 02 mars 2011 par Corboland78

Comme toujours les forsythias ont donné les premiers signes du printemps proche, leurs fleurs jaunes égayent lentement les haies des jardins endormies pour l’hiver. L’heure du bilan est venue et disons le tout net, je suis très déçu.

Dès le début de la mauvaise saison j’avais décidé de consacrer une partie de mon temps à nourrir les passereaux du voisinage. Graines, boules de graisse et même un petit nichoir en forme de chalet en bois, rien ne me semblait trop beau pour mes zozios. Très vite ils ont compris qu’un restaurant gratuit venait d’ouvrir ses portes sur leur territoire et c’est presque à deux mains que je m’y reprenais pour alimenter la mangeoire, surtout en décembre quand le froid et la neige les auraient acculer à la mort si un brave samaritain n’était venu à leur aide.

Eux et moi étions contents, notre association tacite fonctionnait à merveille. Chardonnerets, mésanges de toutes sortes, moineaux, un rouge gorge parfois et un étourneau rarement, s’étaient inscrit sur la liste de mes invités ; moi, de mon côté, j’avais pris ma tâche à cœur, chargé d’une mission humanitaire en quelque sorte. Je nous voyais ainsi parvenir jusqu’au bout de l’hiver dans la plus parfaite harmonie.

Las ! Il n’en fut rien et j’aurais du m’en douter. Après plusieurs semaines, le manège bien rodé des escadrilles planant jusqu’à mon logis et en repartant le bidon bien rempli, alerta des bestiaux qui eux n’étaient pas les bienvenus. Je parle des pigeons. Je reconnais une faiblesse, j’aime les oiseaux mais je hais les pigeons, non seulement ils ont un air con avec leurs yeux fixes – passe encore – mais ils sont particulièrement dégueulasses. Si ! Et que je te piétine mes jardinières avec leurs grosses pattes roses, foutant de la terre partout sur mon balcon. Et que j’empêche les petits passereaux de venir grignoter. Et enfin, que je chie partout comme des malotrus sans aucune éducation. C’en était trop.    

Tous les jours ce ne furent que bagarres entre eux et moi. Dès qu’un biset se pointait sur une rambarde de mon balcon j’ouvrais ma fenêtre un bâton à la main pour frapper les murs et effrayer l’oiseau. Deux à trois fois par jour, le cirque recommençait, mouvements de bras, coups frappés, sifflets, bref les voisins ont du penser que j’abritais un zinzin. Tous mes efforts n’ont pas suffit, les pigeons sont gloutons, ils vous vident une mangeoire en deux coups les gros et tout aussi rapidement vous conchient un balcon.

Quand je compare la présence grossière et écoeurante de ces horribles colombins à la délicieuse et délicate joie d’assister au repas d’un couple de mésanges, la rage me vient. J’ai failli acheter un révolver à plombs mais c’était mettre le doigt dans un engrenage toujours difficile à maîtriser par la suite. Mettre la nourriture hors de portée de ces saligauds ne suffit pas, attirés par un repas possible ils s’installaient sur mon balcon et s’ils ne pouvaient se sustenter, rien ne les empêchaient de tartiner de guano le carrelage de ma loggia.

M’étant engagé pour l’hiver, j’ai continué jusqu’au bout à nourrir les passereaux et parfois à mon corps défendant les intrus. Mais je suis désolé, l’année prochaine je ne recommencerai pas. D’ailleurs ces dernières semaines, ma voisine s’est plainte, depuis que je nourris les oiseaux, les pigeons viennent chier sur ses carreaux. Hé, oui, quand je les chasse, ils se réfugient chez la voisine en attendant que je me calme…

C’est désespérant, quand on cherche à faire le bien, souvent on déclenche innocemment des catastrophes ou on fait des jaloux. Petits oiseaux, je ne pense pas que vous lisiez mon blog, mais si quelqu’un les connaît, faites-leur passer le message, les mangeoires du cœur sont fermées et le resteront pour toujours. Ou jusqu’à l’extinction définitive des pigeons !