Comme beaucoup de blogueurs j’ai reçu un courriel me proposant de relayer l’opération des Restos du Coeur « un billet publié, 10 repas offerts aux Restos par Danone et Carrefour », suivi d’un courriel m’invitant à rencontrer, avec d’autres blogueurs, le président de l’association. Beaucoup de blogueurs de gauche ont déjà obtempéré dans le cadre d’un réflexe quasi pavlovien qui leur fait tirer une larme et un billet dès qu’il voient les mots sans-papiers, SDF, immigrés, roms [liste non exhaustive]. Mais moi, comme je ne suis pas vraiment de gauche et que les bons sentiments m’agacent – sans doute parce je n’ai pas de coeur – je ne vais pas le faire.
Ce genre d’opération a tout d’une injonction qui mise sur la culpabilité en vous envoyant le message subliminal suivant : si vous ne le faites pas vous êtes un salaud, parce qu’aujourd’hui, ma brave dame, on n’a plus le droit ni d’avoir faim ni d’avoir froid… D’ailleurs Nicolas qui tel le chêne dressé en plein vent dans la lande bretonne, ne plie pas, se fait remonter les bretelles car il faut « participer à cette bonne action [...] et se bouger pour que ces 2 grands groupes remplissent leurs obligations » ! On croit rêver devant tant de naïveté / aveuglement / incohérence [rayer la mention inutile]. Et si certains flairent en creux le coté publicitaire de l’opération (« il n’est pas question de faire ici de la publicité pour ces deux entreprises ») leur penchant naturel prend cependant le dessus, tandis que d’autres croient être les plus malins (« nous ne sommes pas dupes, nous pouvons à notre tour les utiliser »).
Or, comme le souligne Variae, cette opération ne va pas couter très cher à ces représentants de la grande distribution et de l’industrie agro-alimentaire qui se donnent ainsi à peu de frais des airs humanistes alors que par ailleurs ils écrasent les agriculteurs ou ne respectent pas le code du travail. Et quand bien même ce partenariat leur couterait plus… Il y a fort à parier que ces coûts sont déjà intégrés dans la comptabilité et qu’au final c’est le client de ces groupes qui paye. Comme dit le proverbe : there is not such thing as a free lunch.
Si l’on veut vraiment aider les Restos du Coeur, on peut leur faire un don direct. Cela me parait beaucoup plus simple et beaucoup plus sain.
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