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L'enfer du "reporting"

Publié le 01 mars 2011 par Fred Camino @elc95
L'enfer du Qui bosse dans une multinationale ou pire dans une boite qui se prend pour une multinationale connaît le "reporting", cette façon de travailler de son chef ou de son manager.
Travailler, c'est beaucoup dire, le pauvre ne passe pas plus de 60% à faire autre chose qu'à faire cela.
Le reporting, c'est quoi, c'est remplir des tableaux, faire de l'Excel jusqu'à la nausée et remplir des indicateurs, des indicateurs sur tout, le boulot rendu à temps, bien remplir ses congés, nombre de retour d'insatisfaits dans une entreprise organisée en interne et entre service façon client-fournisseur.
Chaque service ou groupe de salarié à toujours des comptes à rendre ou à recevoir des comptes d'une autre unité, sorte de concurrence ou de commerce nauséabond au sein même de la même boite.
Francois Dupuy, sociologue, analyse parfaitement ce phénomène que je vis personnellement:
Certaines entreprises sont gérées "en nid-d'abeilles", où une organisation par métier aboutit à un cloisonnement des salariés - les uns ignorant ce que font les autres,"avec des informations qui ne remontent pas plus qu'elles ne redescendent"; d'autres sont organisées en séquences de travail, où chacun reporte la responsabilité des échecs sur les autres. Dans tous ces cas, le pilotage effectif de l'entreprise s'est progressivement dilué.

Les indicateurs des uns font le malheur des autres et ainsi de suite, j'ai déjà vu des unités planter une autre pour ne pas avoir une gomette rouge qui plomberait les objectifs du manager.
Il décrit ainsi, témoignages à la clé, nombre d'entreprises où le pouvoir est tantôt aux mains d'"experts-métiers", tantôt aux mains de responsables syndicaux, tantôt dans celles de quelques cadres dynamiques qui, en l'absence de management réel, font leur marché dans les compétences maison pour satisfaire leurs objectifs personnels. On ne sait plus qui est responsable de quoi. Les cadres supérieurs ne comprennent plus ce qui se passe et les "pertes de valeur" s'accumulent.

Il m'arrive de bosser avec une multitude de personnes différentes pour un même sujet mais personne ne sait prendre à 100% une décision or mon boulot est dans les objectifs de mon manager qui ne pas quoi faire à part remplir ses indicateurs. Il m'est arrivé de "commander" un travail spécifique à l'étranger, il était externalisé dans un pays émergent et d'attendre un retour comme si j'attendais le devis d'un plombier alors que nous sommes la même entreprise. Nos managers sont là pour gérer au quotidien, même les entretiens annuels ne sont que des indicateurs qui fait que les employés et mêmes certains cadres ne savent plus où sont leurs places dans l'entreprise.
Sans parler de gel des salaires ou d'évolutions de carrière quasi-inexistantes, la démotivation de beaucoup dans les grandes entreprises vient de cet aspect là.
Je vous invite et je m'invite aussi à lire son bouquin Lost In Management de Francois Dupuy à ce propos:
L'enfer du La réalité, telle que peut l’observer le sociologue de terrain, est le plus souvent très éloignée de cette supposée dictature. S’appuyant sur dix-huit enquêtes et près de huit cents interviews, François Dupuy montre que les entreprises sont en passe de perdre le contrôle d’elles-mêmes : le pouvoir est descendu d’un ou plusieurs crans pour se disperser à la base, au niveau des intermédiaires et des exécutants. Et lorsque, poussés par une compétition grandissante, les dirigeants tentent de reprendre le contrôle par la mise en œuvre de « process » et de « reportings », le résultat est à l’inverse de l’effet escompté : plus les décisions se multiplient, moins le contrôle est grand...
A lire aussi l'excellent billet de chez Intox2007:  les patrons français sont ils plus cons que les autres?
[source]

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