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Quand j'étais espion

Publié le 01 mars 2011 par Jujusete

Je vais finir comme le collègue blogueur d’intox2007 qui me disait qu’il avait plein de sujets, avec matière sous le coude, de quoi faire 12 ou 13 billets.

Chez moi, ça s’accumule aussi.

J’avais prévu de vous parler de plein de choses mais entre les vrais textes qui me font manger et les imprévus, je prends du retard. J’ai aussi des films de la manif de lautre fos mais bien entendu, pas eu le temps de les décharger de l’appareil.

Au rayon des imprévus, ier soir je pars du bureau, pu ma dernière journée en direction de Tahrir, d’abord. On me détourne vers la rue Falaki.


Ok, je ne pose pas de question.

Dans la rue Falaki, deux gros chars qui n’étaient pas là le matin même. C’est étrange de voir les mitraillettes sur le toit, prêtes à tirer. C’est flippant aussi. Un peu.

Un militaire vient vers moi « vous allez où ? » ben au métro, je rentre chez moi. « Vous parlez arabe ? » Ouais, t’as reconnu ? je suis douée maintenant, hein ? « quel origine ? » Française, comme Chirac « vous avez beaucoup de sacs » Ben oui, mon champion, c’est mon dernier jour donc j’ai eu des cadeaux. Puis j’ai rapporté quelques affaires persos que j’avais laissé au bureau. "possible de voir votre sac ? » et là je vois les playmobyls qui sortent du char les uns après les autres.

Ok

Effectivement, rien qui embête. Puis il ouvre le bas.

« Pourquoi vous avez un si gros appareil photo ? » Euh, le sphynx, les pyramides, toussa… « et le chapeau de révolution dans le sac ? » un cadeau des copines pour la blague… « Pourquoi vous avez un appareil photo ? Vous avez appris où l’arabe ? Vous faites quoi comme travail ? Je peux contrôler le visa ? »

La mitraillette est de l’autre côté du char, c’est toujours ça de gagné.

Je lui sors mon passeport pendant qu’il trouve l’édirol (un enregistreur de sons) dans mon sac.

« Ca sert à quoi ? » Enregistrer des sons (bon, ça je l'ai dt en anglais) « vous faites quoi ? » journaliste « Donc l’appareil photo ? Vous avez appris où l’arabe ? »

Ok, mec, on va se détendre…

« je peux écouter ? » Biensûr… Là il lance l’interview d’un ex candidat aux présidentielles au Soudan qui me parle de la partition. « Et pourquoi ? » Je suis journaliste, mec. Tu veux voir ma carte de presse périmée ? ma carte de résidente ? Les deux ? Ok.

Et là, il tique ? Dans le même temps, les playmobyl me redemandent où j’ai appris l’arabe.

L’autre « Mais vous etes là depuis plus longtemps que le visa ? » ben oui, c’est le nouveau, là, que j’ai… « Mais le visa d’avant, il est où ? » Dans mon autre passeport, celui du travail que je viens de quitter… « vous avez deux passeports ? » Non, j’en ai un en fait. J’en avais deux et… « pourquoi vous avez un mec qui parle de la révolution en arabe sur la machine ? Pourquoi vous aviez deux passeport ? » parce que je suis journaliste et... « pouquoi la date de visa ne corresponds pas à celle de votre arrivée ? »

OK, on se calme…

"Et qui me dit que vous n’etes pas espion du Mossad ?"

Le Mossad ? Et pouquoi pas les Américains tant que t’y es ? Ca va pas, non ? Ok, mec, on respire, je te réexplique. Puis sérieux, tu vois Mata Hari se balader avec une lampe dans un gros sac plastique, et un chapeau de la révolution ?

Bon, en même temps, si j’étais espion…

Ecoutes, garçon, tu pends la carte à l’intérieur de la machine et celle à l’intérieur de l’apparel photo, ok ?

« vous avez appris où l’arabe ? »

Dans ton cul ! ça marche ? maintenant tu vas me rendre mon passeport.

« On va aller au mogamma pour vérifier… »

Y a pas un feu au mogamma ou un truc comme ça ? « Comment vous le savez ? Vous savez des choses ? »

Ok, j’ai appris l’arabe à Imbaba, j’habitais là bas avant et….

« Imbaaaaaaaaaaaaaaaba ? »

Oh, putain, qu’est-ce que j’ai dit encore ?

Et là un des miliaires commence à me taper le bout de gras sur le quartier. L’école, les gens et tout. Il était de là bas. Du nord du quartier.

« oui mais le visa ? » « C’est bon, laisse là… » après ils ont dit des trucs en arabe que je n’ai pas compris. Ont parlé de photo…

On m’a finalement rendu mon passeport et laissée passer. Ca a l’air simple comme ça, mais ça a duré plus longtemps qu’il n’y parait. Surtout la compilation de questions qui arrivaient les unes après les autres, c’était hallucinant !


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