Quel choix redoutable que cette transcription de la Symphonie Fantastique d'Hector Berlioz par Franz Liszt. Pour tout pianiste arrivé à un niveau exemplaire de technique et de contrôle du déroulement narratif, comme c'est le cas de Roger Muraro, notamment aguerri à l'interprétation des oeuvres d'Olivier Messiaen, cette tentation est tout à fait compréhensible. En outre, 2011 étant déclarée "Année Liszt", c'est l'occasion ou jamais.
A l'écoute de l'interprétation de cette oeuvre presque "démoniaque", mon impression reste finalement mitigée. Roger Muraro, malgré ses qualités indéniables et la probité de son travail, n'a pas la virtuosité et la densité incroyable exigées et qu'avait, en revanche, un Claudio Arrau pour affronter un tel monument.
On n'est donc pas transporté, ni arraché de cette maudite terre par cette version pianistique et on demeure frustré. Ce travail de Titan n'est visiblement pas à la portée de tout le monde. C'est le risque indéniable de s'attaquer aux pièces les plus emblématiques du génie, de la folie lisztiennes.
Quant aux passages consacrés aux Années de Pélerinage, outre les interrogations que l'on peut avoir sur leur choix, elles n'atteignent en aucun cas la poésie et la force narrative, encore inégalées à mon point de vue, d'un Jorge Bolet. Le jeu parfois austère et d'une certaine rectitude de Roger Muraro ne permet pas à l'esprit fantasque de ces pièces de s'exprimer pleinement.
Franz Liszt - Transcription de la Symphonie Fantastique d'Hector Berlioz - Extraits des Années de pélerinage - Roger Muraro (piano) - label Decca Classics.