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Lock-out dans la NFL: la situation actuelle

Publié le 01 mars 2011 par Sixverges
Lock-out dans la NFL: la situation actuellePlus que quelques heures avant l’expiration de la convention collective entre joueurs et propriétaires dans la NFL. Malheureusement, le lock-out semble inévitable. Dans le premier d’une série de trois articles sur le sujet, JR essaie d’abord de tirer des conclusions sur le modèle d’affaires dans la NFL à partir des seuls états financiers rendus publics, soit ceux des Packers de Green Bay.
Les propriétaires de la NFL protègent jalousement leurs chiffres, mais dans tout cet univers de secret, les champions du Super Bowl sont l’exception. Entité publique, officiellement à but non lucratif, les Packers appartiennent à plus de 100 000 personnes, la plupart des fans de la région immédiate de la Baie Verte. L’équipe n’a donc pas le choix de déposer publiquement un rapport financier et il est instructif de le regarder pour en tirer quelques conclusions d’ensemble. Évidemment, chaque équipe est différente et les Packers évoluent dans un mini-marché, mais l’analyse de leurs états financiers permet quand même de déceler quelques données intéressantes sur le fonctionnement de la grosse Business qu’est la NFL.
Précisons une chose tout de suite pour ceux qui ne sont pas familiers avec la comptabilité. Les états financiers analysés ici sont ceux de l’exercice de 12 mois terminé le 31 mars 2010. Ils couvrent donc la période allant du 1er avril 2009 au 31 mars 2010, soit la saison de football de l’automne 2009. Vous aurez compris que les chiffres du dernier automne de football ne seront disponibles qu’après le 31 mars 2011.
-Les revenus-
On constate d’abord que les revenus sont à la hausse dans la NFL. Les champions du Super Bowl ont généré des revenus de 257.8 millions de dollars pour l’exercice terminé le 31 mars 2010, une progression de 18 % en 3 ans. Environ 60 % de ceux-ci proviennent de la ligue, soit 100 M$ des contrats de télé et un autre 45 M$ des commanditaires nationaux. On présume que ce montant est assez semblable pour toutes les équipes. Les contrats de télé avec CBS, Fox et NBC prendront toutefois fin en 2011 et seront certainement renouvelés à la hausse. Les proprios ne le diront pas trop fort, mais les cotes d’écoute des dernières séries éliminatoires devraient contribuer à faire encore plus sonner les caisses enregistreuses dans le futur.
Sur les revenus générés localement, il y a plus de disparités. À Green Bay, ces revenus totalisent près de 100 M $ répartis également entre les commanditaires et la vente d’articles promotionnels locaux d’un côté et la vente de billets de l’autre. Évidemment, à ce chapitre, les clubs de New York ou les Cowboys sont dans un autre monde. Mais malgré le micro marché, les Packers se tiennent dans la masse. Forbes évalue d’ailleurs qu’ils sont au 15e rang pour les revenus générés. Donc, les joueurs ont tort de dire qu’en raison de sa faible population, Green Bay ne représente pas adéquatement les autres équipes au niveau financier.
Deux dernières remarques sur les revenus. Les ventes de billets ne représentent qu’environ 20 % des revenus totaux des Packers. Au hockey, même pour des clubs riches comme le CH et Toronto, c’est le revenu dominant. Et sans trop m’avancer, je dirais que c’est probablement aussi le cas pour le basket et le baseball. Finalement, avec une population métropolitaine semblable à Sherbrooke et seulement 10 matchs locaux (incluant la pré-saison), la région de Green Bay réussit à générer 100 000 000 $ en revenus locaux. Phénoménal!
-Les dépenses et les profits-
La dépense principale des Packers, ce sont évidemment les salaires. Ceux-ci, et c’est au cœur du conflit, grimpent en flèche. Depuis, la signature de la dernière convention collective, ils ont effectué un bond spectaculaire, passant de 110 M$ à 160 M$. Et ça c’était pour la saison 2009, on présume que la dernière année sans plafond salarial a été encore plus dispendieuse. Précisons qu’on parle ici de salaires ET bénéfices marginaux. Les bénéfices marginaux représentent les déductions à la source (partie employeur) qui doivent être remises au gouvernement ainsi que les coûts liés aux assurances santé et autres attentions qui ne sont pas inclues au plafond salarial. C’est ce qui explique une dépense salariale de 160 M$ alors que le plafond pour la saison 2009 était fixé à 127 M$. La hausse des coûts liés aux salaires des joueurs est évidemment semblable dans la grande majorité des 32 équipes de la NFL, la plupart d’entre elles dépensant le maximum qui leur est alloué. Les autres dépenses, sur lesquelles nous n’avons que peu de détails, sont stables et totalisent 90 M$ à Titletown, USA.
Tout ceci laisse aux Packers, un bénéfice d’exploitation de 9,8M$. En comparaison, à la première année sous le contrat de travail actuel (exercice financier terminé le31 mars 2006), ce bénéfice d’exploitation était de 34,2 M$, alors qu’il se situait aux environs de 20 M$ pour les exercices 2007 et 2008. Le profit réel, « la ligne du bas », une fois les provisions fiscales et boursières comptabilisées s’élevait quant à lui à 5.2 M$ au 31 mars 2010 (21.9 M$ au 31 mars 2006). Avant de tirer des conclusions pour l’ensemble de la ligue, il faut toutefois noter que s’ils sont dans la moyenne au niveau des revenus, les Packers sont en queue de peloton pour les profits. Selon Forbes, ils pointent au 27e rang. Ceci s’explique probablement par le système de partage des revenus duquel nous parlerons dans un prochain article. La conclusion sur les résultats est donc que les bénéfices sont en baisse constante, car la charge salariale augmente plus rapidement que les revenus.
-Le nouveau problème, la dette-
Bien que moindre qu’avant, ce bénéfice net de 5.2 M$ peut sembler tout à fait acceptable, mais il faut faire attention. Il inclut les intérêts, mais pas les remboursements de capital qui doivent être faits sur la dette, l’hypothèque sur le nouveau stade le plus souvent. A ce chapitre, les Packers, comme quelques autres clubs dont les stades furent payés par les contribuables, s’en tirent bien. Mais le modèle a changé, les finances publiques de plusieurs villes et états sont dans le rouge et l’époque où les proprios n’avaient qu’à claquer des doigts pour se faire construire un amphithéâtre sur le bras est révolue. Sauf à Québec, mais ça c’est un autre débat!! Pour être honnête, il faut dire que ces villes américaines ont déjà une équipe, ce qui n’est pas le cas de la vieille capitale. Mais revenons au football pour dire que les clubs doivent de plus en plus assumer eux-mêmes le financement de leurs infrastructures, ce qui occasionne des dettes importantes. Forbes estime que les remboursements en capital sur la dette s’élèvent en moyenne à 20 M $ par club. Ici, c’est très variable selon les équipes. Certaines n’ont pratiquement pas de dettes alors que d’autres doivent assumer de forts paiements, parfois de l’ordre de 50 000 000 $ annuellement. Lorsque les proprios parlent des risques qu’ils assument, c’est principalement ces paiements (nouveaux dans l’univers de la NFL) qu’ils ont en tête.
J’espère que ce tour d’horizon vous a éclairé un peu plus sur les finances types des équipes de la NFL. Dans les 2 prochains articles de cette série sur le lock out, nous plongerons plus directement dans le conflit, d’abord en examinant les points de discorde entre les parties puis en concluant sur les impacts qu’aura ce conflit de travail.

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