Impression des gagnants de CPI 2009 partis à Shangai, épisode 2 !
159 ans après l’inauguration de la grande exposition de 1851 à Londres, la Chine accueille entre mai et novembre 2010 la plus grande Exposition Universelle jamais réalisée,
Quand la capitale anglaise réussissait le pari fou de recevoir 6 millions de visiteurs, un siècle plus tard, ce sont plus de 100 millions de visiteurs qui foulent le sol chinois, espérant être éblouis par les dernières pratiques et avancées technologiques en matière d’innovation urbaine. C’est dans cette optique que nous sommes partis le 3 juillet 2010 pour Shanghai.
Après avoir arpenté pendant quelques heures les allées surpeuplées du gigantesque site de l’Exposition, nous nous rendons compte progressivement que la réalité ne correspond pas à ce que nous avions imaginé.
En 1851, lors de l’inauguration de la première Exposition Universelle en Angleterre, les visiteurs représentent toutes les nations d’Europe voire même au-delà. Tous veulent voir les réalisations de la nouvelle ère industrielle qui est en train de naître. En revanche, à Shanghai, les visages que nous croisons aux détours des allées, dans les files d’attentes, ou encore à l’intérieur des pavillons, sont ceux de chinois. Ils représentent plus de 90% des visiteurs et viennent de toutes les provinces du pays.
Chinois, mais issus pour la plupart de la classe moyenne, voire populaire selon Jian Li, un jeune architecte rencontré dans l’un des restaurants branchés de la concession française. Originaire de Shanghai, Jian vit une partie de l’année à Barcelone et l’autre en Chine. A priori sensible au thème de l’Exposition « Meilleure ville, meilleure vie », il nous confie qu’il n’est pas encore allé visiter l’Expo et qu’il n’ira probablement pas. Les quelques stations le séparant de cet événement mondial et historique pour son pays, n’y changeront rien. D’ailleurs, pour lui comme pour la plupart de ses amis, le « spectacle » n’en vaut pas la chandelle.
Même si l’élite shanghaïenne boude l’événement, cette Exposition Universelle cible très clairement tous les chinois. Aujourd’hui les enjeux ne sont plus les mêmes ; le pays organisateur ne cherche plus à séduire les visiteurs du monde entier, mais ce sont bien les pays exposants, en d’autres termes, le monde, qui tente par tous les moyens de séduire son hôte : la Chine, un potentiel business inestimable pour un occident qui s’essouffle.
Cette réalité, en partie assumée, a toutefois un impact sur l’événement. Le temps où l’on présentait les dernières découvertes scientifiques qui allaient changer le monde est bel et bien révolu. Aujourd’hui, les innovations technologiques ne sont plus à la gloire du progrès et des hommes qui les ont inventées ; elles soutiennent les stratégies marketing de chaque pays exposant. Lorsque l’Arabie Saoudite dépense des millions de dollars pour accueillir dans son pavillon le plus grand écran du monde et projette des images de désert et autres représentations caricaturales du folklore national, l’expérience est tristement pauvre et dénuée de sens pour le visiteur. Une fois encore, le thème de l’innovation urbaine est éludé. La forme l’emporte sur le fond. Cette impression se confirme lorsque nous rencontrons dans le pavillon du Maroc, Yassin, un jeune membre de la délégation Marocaine. Dans un anglais parfait, il nous explique sur un ton détaché que l’objectif des pays exposants est très simple : « Nous voulons une chose, que les chinois se souviennent du nom de notre pays et au mieux, qu’il sache le placer sur une carte »
L’Exposition Universelle, dans son sens historique, n’est plus. Les pays n’exposent plus leur vision de l’avenir mais s’exposent tout simplement. L’objectif consiste donc à promouvoir son pays auprès de la nation en passe de devenir la première puissance mondiale. L’Exposition Universelle est-elle vouée à devenir un « office du tourisme mondial » ? Faut-il regretter l’ambition des premières Expositions ?
Même si ces deux questions restent en suspens pour l’instant, nous espérons en tout cas que la prochaine Exposition Universelle de 2015 à Milan nous aidera à y répondre.
Par l’équipe gagnante du programme CPI 2009, équipe Orange