Il y a des jours comme ça où c'est la grosse maniaco-dépression. On sait qu'on doit écrire pour contenter notre lectorat qui se compte par millions, sinon cette conasse de Tavi se retrouvera en front row chez Jil Sander sans nous et ça, ça nous fout grave les boules (on n'a jamais été invités à un défilé de Jil Sander mais le rêve permet de nous faire suffisamment culpabiliser pour nous dire qu'il faut sortir le plumier + l'encrier).
Pourtant, pas moyen. Trop de sacs, de chaussures, de tendances improbables... C'est la méga overdose mode et on se dit : « Putain de bordel de bite à cul ! Ça sert à rien la mode, il y a des gens qui meurent de faim dans le monde et de toute façon, ils pourront jamais s'habiller en Céline (comme nous, d'ailleurs). Alors, à quoi bon ?! ». Du coup, c'est toujours le même rituel : une page blanche qui laisse place à un soupir, ce même soupir très vite happé par le canapé Ligne Roset tout mou conçu spécialement pour les rédactrices de mode wannabe au chômage, une couverture de vraie laine tricotée par papy qui tient bien chaud et qui gratte, et trop de boîtes de Raffaello. Une télécommande Belgacom plus tard, le fameux canapé est devenu notre meilleur pote. On est lovés, on ne bouge plus, on a chaud et on sait définitivement que de toute manière, tout ce qu'on écrira aujourd'hui sentira bon la haine contre Kaiser Karl. Pourquoi insister ?Pierre Bergé et Pierre Thorreton, le réalisateur (sadique).C'est là qu'intervient le fameux bouton de la télécommande nommé « On demand ». Ce bouton, c'est LA révolution marketing, inventée par un mec intelligent qui a su vite fait qu'il allait se retrouver longtemps au « chômdu ». Alors il a tout prévu à l'avance. D'ailleurs, ce mec, il devrait venir squatter le canap' Ligne Roset et les 36 boîtes de Raffaello avec nous parce qu'il a tout compris : non seulement il nous permet de regarder n'importe quelle daube en moins de trente secondes sans bouger un orteil, mais en plus il ne fait pas dans la dentelle. Il a compris qu'on était chez Belgacom et pas chez Telerama (pourquoi Belgacom a viré un tel génie ?). On se retrouve affalés comme des vieilles gélatines semi-liquides, plus grosses que jamais et ayant les intestins qui crient au secours (36 boîtes de Raffaello, ça fait beaucoup) ! On sait qu'on va regarder un truc du genre Les petites diablesses avec Haylie Duff (la sœur d'Hilary, trop bien ! Oui, elle fait du « cinéma »). Là, on se dit qu'on est des grosses merdes. La classe. On était un peu affalé comme ça mais en pire... en tout cas, en beaucoup moins chic.Après avoir roulé trop de pelles à Marie-Jeanne, ça ne nous ennuie pas trop de regarder une daube avec Jessica. S. ou Alyssa. M. Grâce à Marie. J. TOUS les films moisis du continent américain semblent être des films d'auteur à la française (oui, des fois on a l'impression que Miss Simpson pourrait être la nouvelle Isabelle Huppert). Pourtant, aujourd'hui, la télécommande déconne (comme d'hab’, en fait) et ça bloque... et c'est super fucking relou... On appuie 15 fois sur ce putain de bouton et RIEN. Le problème, c'est que quand ça repart, ça s'affole à fond et on ne contrôle plus du tout la situation. Hasard ? Ou peut-être que Béa Ercolini hante notre canapé ? Pourquoi ? Parce qu'après le pétage de plombs de notre « On demand », il s'arrête cash sur « Pierre Bergé/Yves Saint Laurent : l'amour fou ! ».Yves Saint Lolo et Pierrot l'intello. Mouais… non. Nous, on préfère regarder Miss Simpson dans un micro-short en jeans faire la pute dans Shériff, fais-moi peur. Le docu Saint Laurent, c'est trop intello. Mais la Béa qui hante notre canapé nous chuchote d'une voix enjôleuse : « Lundi, c'est qui qui va pouvoir faire l'intello chatte au bureau ? ». Elle n'a pas tort, la rédac' chef fantôme du canap'. Cinq euros dans nos gueules plus tard (ouais, 5 putains d'euros ! Et après ça, on ne comprend pas pourquoi on se retrouve avec 200 boules de facture à chaque fin de mois) et comme on vous l'a dit, on a déjà roulé pas mal de pelles à Marie-Jeanne. Notre cerveau est donc en phase philosophique existentielle intense. Les premières minutes, impossible de s'en empêcher, Yves Saint Lolo fait ruisseler des torrents de larmes sur nos petites joues rosacées : en noir et blanc, il annonce son départ de sa propre maison et cite Proust. On a envie de mourir. Qui est l'abruti qui peut commencer un documentaire avec un tel sadisme?
LA scène.Après ? Ce n'est que joie et bonheur, Pierre Bergé parle de sa relation d'amour, d'art, de rencontres et de drames, avec des mots qu'on ne comprend pas toujours (c'est un cérébral, ce Pierrot !). C'est beau, c'est intense ! On revoit des bouts de collection de MONSIEUR Yves Saint Laurent : la robe de mariée fleurs portée par Laetitia « grosses miches » Casta, l'époque Mondrian, l'influence de Marrakech... Laetitia gros lolo et Yves.L'époque Mondrian.Marrakech. Ils font même dans le pathos en évoquant l'addiction de Yves Lolo à la drogue et à l'alcool (vraiment mieux qu'un film avec Jess S. !). Il y a même un moment où Yves, filmé par Pierre, se voit poser la question: « Quel est votre poète préféré ? ». Yves répondra : « Pierre Bergé » avec un air mutin et espiègle, comme quand les enfants disent des bêtises. Et là, c'est le drame : on ne peut plus s'arrêter de pleurer, de se demander ce qu'on va devenir, pourquoi on ne vit pas une passion couture qui serait l'objet d'un documentaire où Jess S. tiendrait le premier rôle ? POURQUOI ? La vie est TROP cruelle. Betty catroux et Loulou de la falaise - les muses de Saint Laurent... à la première du film.Betty Catroux (Très Pammy.A) et Yves. Un documentaire d'une grande beauté que chaque modasse devrait posséder dans sa filmo pour crâner au taf et déclarer sa flamme avec passion à un mari un peu frileux. Mêlant couture et amour passionné, l'histoire d'un des plus grands génies de notre siècle raconté par un sage qui était aussi l'homme qui l'a aimé d'une douce folie... Fini le docu, on n’a plus de glandes lacrymales mais la plume mode est revigorée (text edit est en train de prendre feu). Et surtout, on se dit qu'on pourra dire à nos maris couture : « Mon poète préféré, c'est toi ». GRAVE LA CLASSE ! Au fait, en parlant de Saint Laurent, il paraît que Hedi Slimane dégage Stéfano Pilati ? Eh ben, le voilà notre sujet mode à traiter ! Yves Saint Laurent est mort! VIVE Yves Saint Laurent!
Bien à vous.(Ps: Le DVD de l'amour fou! est en vente avec le ELLE Belgique de ce mois-ci... Alors, c'est clair, c'est la grosse loose parce que "OUI", on stagotte à ELLE et on le savait pas. Franchement, ça s'est vraiment passé comme ça. On est vraiment des gros craignos ou Ercolini hante vraiment le canap' ... On va peut-être finalement pas faire les malignes au bureau lundi... )