Poussé vers le banc de touche par l'arrivée de Fernando Torres cet hiver, Didier Drogba devrait encore être remplaçant mardi contre Manchester United. Une situation nouvelle pour le buteur de Chelsea, qui pourrait bien le pousser à un départ en fin de saison.
Remplaçant depuis un mois
Quand
il pénétrera sur la pelouse de Stamford Bridge ce mardi soir pour
affronter Manchester United, Didier Drogba se dirigera, sans doute, vers
le banc de touche. Là où Carlo Ancelotti l'a le plus souvent relégué
depuis l'arrivée de Fernando Torres
en provenance de Liverpool lors des dernières heures du mercato
d'hiver. Acheté 58 millions d'euros par Roman Abramovitch, l'Espagnol a
bouleversé la donne dans le secteur offensif très fourni de Chelsea
(Anelka, Drogba, Kalou, Sturridge, Kakuta…). Et la principale victime
d'El Niño, qui n'a pourtant rien d'un cyclone cette saison (aucun but
depuis son arrivée chez les Blues, 9 toutes compétitions confondues
depuis l'été dernier), est Didier Drogba. Carlo Ancelotti avait un temps
envisagé d'aligner un trio Torres-Drogba-Anelka avec ce dernier en
position un peu plus reculée. C'était face à Liverpool début février.
Mais la défaite concédée ce jour-là (0-1) a mis brutalement fin à
l'expérience. Et depuis, Drogba ronge son frein. Ancelotti adore la
polyvalence d'Anelka et ne peut raisonnablement pas se priver d'un
joueur acheté près de 60 millions d'euros par le patron. Du coup, c'est
Drogba qui paie les pots cassés.
Depuis la défaite contre les Reds, l'attaquant ivoirien n'a ainsi joué que 19 minutes contre Fulham en championnat et 17 minutes à Copenhague en 8es de finale aller de la Ligue des Champions (pour une titularisation contre Everton en Cup). Un temps de jeu famélique pour un homme qui avait inscrit 37 buts toutes compétitions confondues l'an dernier, participant ainsi grandement à la quête du doublé FA Cup-Championnat, et qui est encore aujourd'hui le troisième meilleure passeur de Premier League (10) ! Muet sur son sort depuis quelques semaines, Drogba ressentirait cependant, selon un proche cité par L'Equipe ce mardi, «beaucoup d'amertume» devant son nouveau statut. L'Ivoirien a en effet beaucoup donné à Chelsea et a notamment joué en ayant pas complètement récupéré de la malaria qui l'a frappé à l'automne dernier. En remerciement des services rendus, il vivrait mal de n'être devenu qu'un remplaçant.
Des envies d'ailleurs ?
Si cette situation perdurait (Drogba avait déjà été confronté à un cas similaire lorsque Roman Abramovitch avait recruté Andreï Shevchenko en 2006 mais il avait su écarter la menace de l'Ukrainien), Drogba resterait-il fidèle à Chelsea, dont il porte les couleurs depuis 2004 et où il est sous contrat jusqu'en 2012 ? Pas sûr. «J'ai tout ce dont je rêve à Chelsea. Je suis dans un grand club, avec des coéquipiers extraordinaires, dans un cadre de vie parfait pour ma famille. Autant, il y a quelques années, j'aurais pu dire : "je rêve de jouer à l'AC Milan, au Real Madrid, à Manchester United", autant, aujourd'hui, je ne ressens plus ce besoin. Je suis dans l'un des meilleurs clubs du monde. Ces envies me sont passées il y a longtemps», assurait-il dimanche sur Orange Sport, pour qui il commentait la finale de la Carling Cup entre Arsenal et Birmingham.
Mais qu'en sera-t-il dans deux mois et demi si sa situation de remplaçant de luxe n'a pas évolué ? A 33 ans (le 11 mars), Drogba pourrait alors être tenté par un dernier challenge loin de Londres. Manchester City, le Real Madrid, si José Mourinho, qui l'adore, en est toujours le coach, ou encore la Major League Soccer (il apprécie les Etats-Unis) pourraient l'accueillir à bras ouverts. Et l'OM, qui rêve de son retour depuis sept ans ? Malgré les liens amicaux entre l'Ivoirien et José Anigo et l'affection du joueur pour Marseille et ses fans, le club phocéen n'a sans doute pas les moyens de s'offrir un joueur qui émarge à 6 millions d'euros net par saison…